Théâtre : « Le retour des fantômes » exhume le récit troublant des sept dépouilles de Wamba
Un retour aux sources a été nécessaire pour traiter au mieux du sujet. Les artistes en expédition à Wamba ont exploré la terre où, du temps de la colonisation, ont été désacralisées les tombes des sept pygmées. Christiana Tabaro a exposé le prétexte évoqué pour justifier ce geste injuste : « Les gens se sont souvenus que Boris Adé avait dit qu’il emportait les squelettes pour trouver un remède à la lèpre ». Force est de constater cependant que « cette maladie continue à les décimer jusqu’à aujourd’hui ». Plusieurs univers culturels et musicaux se mélangent dans « Le retour des fantômes». Entre discours, dialogues et récits personnels où se mêlent performances et chants, émotions et questionnements mis en lien se collent au thème. Là s’élève une question, peut-on se permettre de parler restitution sans penser à faire réparation ? Christiana Tabaro parle d’un ton grave qui traduit tout le tragique de l’histoire racontée à travers ses dialogues fréquents avec des interlocuteurs que des vidéos permettent à l’assistance de connaître. Elle devient alors le témoin de ces échanges de Wamba ramenés jusqu’à eux sans filtre. Il en est de même des rituels exécutés pour les funérailles auxquels elle assiste silencieuse comme invitée à en décrypter un tant soit peu le sens. Les échappées lyriques des guitaristes entrant en dialogue, Kojack et Elia chantant "Restituer", survoltent l’ambiance, maintiennent les spectateurs accrochés à la scène, tendent même à leur faire oublier le drame sur lequel est construite l’histoire que Christiana sait habilement ramener à leur esprit. Danse finale, le bémol
« Le retour des fantômes», dont la version anglaise est «The Ghosts are returning», est un projet conjoint de Podium Esslingen et du collectif Group50 :50, composé d’artistes de la République démocratique du Congo, de la Suisse et d’Allemagne. A travers cette création musicale, ils racontent une histoire de l’époque coloniale qui les relie. Elle ouvre un champ sur la restitution des ossements des Mbuti gardés à l’Université de Genève devenus la propriété de celle de Lubumbashi. Reste à savoir ce qu’il en adviendra après restitution … Nioni Masela Légendes et crédits photo :1-Christiana Tabaro chantant avec Ruth Kemna, Kojack Kossakamwe, Elia Rediger et Merveil Mukadi /Adiac
2- Les rituels funéraires des Mbuti /Adiac
3- Illustration des crânes des squelettes humains de Wamba emmenés en Suisse par Boris Adé / Adiac
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