Les Dépêches de Brazzaville



Transport aérien : la transition écologique va impacter les prix des billets d’avion


Grâce ou à cause de la transition écologique, les prix des billets d’avion vont subir une augmentation conséquente.  Selon les différents  scénarios envisagés par un nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, l’évolution de la température moyenne du globe montre que celle-ci devrait atteindre au minimum du plus +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle autour de 2030. Face à ces perspectives, le monde de l’aviation se retrouve sous une pression inédite. Pour cause, les émissions avions représentent autour de 3 % du total mondial. Par exemple, un aller-retour Paris-New York émettra entre une et trois tonnes de CO2. En octobre dernier, les compagnies aériennes se sont engagées à parvenir à « zéro émission nette de CO2 » d'ici à 2050. Alors que les signes du dérèglement climatique se multiplient, l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui fédère 82 % du trafic, souhaite « assurer la liberté de voler des générations futures », déclarait son directeur général représentant 290 compagnies, Willie Walsh. Au même moment, l’IATA a affirmé que la transition écologique constituait un « défi technologique énorme » qui coûtera au secteur «environ 1 550 milliards de dollars » d’ici à 2050. 

Un poids important des biocarburants sur le plan économique

Plusieurs mesures sont envisagées pour verdir le secteur de l’aviation. Une taxe sur le kérosène - l’un des rares carburants fossiles exempts de taxe - semble parmi les pistes à explorer. « Il y a une anomalie qui ne peut pas durer indéfiniment », a souligné Cédric Philibert, spécialiste de la décarbonation de l’industrie. Cependant, « il s’agit d’une anomalie solide, car elle se trouve dans les accords de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Par exemple, lorsque l’Union européenne a souhaité taxer les vols intercontinentaux ayant pour origine ou destination le continent européen, il y a eu une levée de bouclier au sein de l’OACI ». Pour parvenir à « zéro émission nette», l'aviation aérienne compte également sur des avancées technologiques ou des appareils fonctionnant à l’hydrogène, mais aussi sur la capture de carbone et des mesures de compensation. Des mesures critiquées par les défenseurs de l'environnement car « inefficaces » selon eux. Alors que le carburant représente entre 25 % et 35 % du prix du billet d’avion, Cédric Philibert  explique : « J’ai choisi de prendre comme point de départ un baril de pétrole à 50 dollars et un coût de carburant soutenable cinq fois plus cher : au lieu de 0,35 dollar par litre de jet de fuel, on monte à deux dollars pour du biocarburant »

Les conséquences sur les prix des billets d’avion

« Sur un aller-simple Paris-New-York, le surcoût est estimé à soixante dollars. Pour les destinations comme Mexico, Bangkok et Rio, on arrive à cent dollars. Pour un vol direct jusqu’à Sydney, l’augmentation se chiffre à deux-cent-vingt dollars », a détaillé Cédric Philibert. Ces estimations ont pour base une consommation de trois litres par kilomètre et par passager. « Cette augmentation ne me paraît pas très importante », selon lui.

L’incorporation de carburant propre permet aussi de ralentir la progression du trafic aérien, a-t-il ajouté. Si des mécanismes se préparent pour le verdissement des avions, le nombre d’appareils dans le ciel devra aussi cesser de croître. « La croissance du trafic aérien telle que l’envisageait l’IATA – qui voyait un triplement à échéance 2038 est insoutenable. On ne peut pas doubler le trafic aérien tous les dix ans. C’est impensable. La croissance du trafic ne peut pas se poursuivre », alerte le spécialiste. 

Ainsi, la transition écologique pourrait marquer la fin des vols low-cost. Le coût du transport aérien a chuté de 96% depuis 1950, résultat de l'entrée en service d'avions à réaction dans les années 1960 et de la libéralisation du secteur aux Etats-Unis en 1978, selon l’IATA. Si ce mode de transport s’est démocratisé, il exclut encore de 90 % à 95 % de la population mondiale.


Noël Ndong