Les Dépêches de Brazzaville



Transport aérien : le pari d’un marché unique africain enfin réalisé


Il s’agit d’un pas important dans le sens de l’inclusion aérienne en Afrique après le premier acte également important connu sous l’appellation de Déclaration de Yamoussoukro vingt ans plus tôt. En 2015, le projet a enregistré la totale adhésion de onze pays africains : Bénin, Cap Vert, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Kenya, Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud et Zimbabwe. D’autres sont venus l'allonger, à savoir le Burkina Faso, le Botswana, le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mozambique, le Mali, le Niger, la Sierra Leone, le Swaziland et le Togo. Pour nombre d’experts, le SAATM se situe dans le prolongement des efforts pour la mise en œuvre effective de la Déclaration.

Pour la petite histoire, le SAATM représente un projet phare prévu dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’UA. Le triple objectif recherché est d’arriver à mettre sur pied un marché unique et unifié du transport en Afrique, de libéraliser l’aviation civile sur le continent et de faire avancer le programme d’intégration économique de la région. Le secteur aérien africain est devenu stratégique au fil des années, avec près de huit millions d’emplois créés. L’effectivité du lancement du marché unique va permettre de stimuler, d’une certaine manière, les opportunités dans plusieurs secteurs de la vie économique, principalement le commerce et les investissements transfrontaliers dans les industries de production et de services. Une attention particulière est accordée au tourisme qui a enregistré une percée en Afrique ces dernières années. L’on estime qu’au moins trois cent mille emplois directs supplémentaires devraient voir le jour et deux millions d’emplois indirects.

La démarche représente un enjeu majeur pour la région. En effet, les compagnies non africaines transportent plus de 82% du trafic intercontinental de l’extérieur vers l’Afrique. Face à une telle domination qui préjudicie les opérateurs publics africains, le défi est d’arriver à trouver une alternative capable de les aider à faire face à la concurrence étrangère et à éviter ainsi de disparaître purement et simplement. Une telle perspective est d’autant plus intéressante que le nombre des voyageurs africains va doubler avec la montée, au fil des années, d’une classe moyenne africaine. Il faut arriver à mettre en œuvre des partenariats commerciaux stratégiques pour relancer durablement le secteur aérien africain. La plupart d’études dans cette matière relève l’importance pour les décideurs africains de se concentrer sur la sécurité, la réglementation, les infrastructures et la baisse des coûts. L’on estime par exemple que la simple ouverture du ciel africain peut conduire à une baisse des coûts de l’ordre de 40 à 50 %.


Laurent Essolomwa