Les Dépêches de Brazzaville



Tribune libre : Tony Bolamba fustige les comportements antirépublicains d'un cartel formé autour du chef de l’Etat


Équateur : Le gouverneur Tony Bolamba destitué | Actualite.cd« A deux ans des élections générales, si les populations électrices porteront peut-être leur choix sur le président Félix-Antoine Tshisekedi, c'est suite aux deux projets qu'il a mis en exergue dans sa gouvernance : la lutte contre la corruption et l'effectivité de la gratuité scolaire ». C’est en ces termes que s’exprime, en liminaire, Tony Cassius Bolamba, dans une tribune publiée, depuis Paris, le 22 janvier 2022. Vite, il nuance ses propos au regard de certaines déviations attribuées aux proches collaborateurs du chef de l’Etat, lesquelles ont viscéralement écorné sa mandature. « Les hésitations viendront peut-être sur la gestion confiée au caissier de la République, le ministère des Finances dirigé par M. Nicolas Kazadi plus connu dans la Cité par le nom "On m’a dit", et des comportements non citoyens et anti républicains de certains de ses conseillers ! ».  Le feuilleton Jean-Marc Kabund, à en croire ce consultant international, « n'est qu'une continuité logique d'une forme de laxisme décriée par la majorité de nos compatriotes ».

Il s’en explique : « Dans la gestion des provinces, le pays s'est enfermé dans une forme de récit stérile opposant les populations des provinces au ministère de l'Intérieur laxiste ». En politique, dit-il, rien n'arrive par hasard. « Chaque fois qu'un événement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi », explique l’ancien gouverneur de l’Equateur, citant Franklin Delano Roosvelt.

L'auto victimisation de Kabund !

Et de dérouler sa réflexion comme suit : « Depuis un temps, après analyse et observation, je conclus qu'il existe un cartel formé autour du chef de l'Etat, à son insu évidemment, afin de saboter ses projets en faveur de nos compatriotes. Je ne pense pas que Jean Marc Kabund voulait nous montrer comment sa maison fut peut-être attaquée par la Garde républicaine, il a certainement voulu nous narguer en nous montrant sa villa luxueuse construite en moins de trois ans après avoir gagné au PMU ou à certains Paris foot. Peut-être! A première vue, en observant la façon dont les meubles étaient renversés et les propos que tiennent ses gens, je ne pense pas que ce sont des militaires qui l'ont fait. Ce n’est pas le modus operandi des militaires congolais, des militaires en général. Peut-être pour attirer l'attention et se faire passer pour une victime. Dommage que la République tombe si bas ! Ce plan d'auto victimisation n'ayant pas marché comme prévu, Jean Marc Kabund s'est fait harakiri ! Mais il y aura une suite, même si le ciel ne tombera pas, un chemin complexe s'ouvrira devant nous dans les alliances et les désunions futures ».

Un Cartel juste pour nuire

Tony Bolamba reste convaincu qu’autour du président de la République, un cartel s'est formé, avec objectif se faire de l'argent, se mettre pleines les poches en toute illégalité, et au moment opportun, lui tourner le dos pour combattre sa vision. « On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tout », fait-il observer en empruntant une citation de Pierre Corneille. « Je pense qu'en démissionnant, on peut déduire que  Jean Marc Kabund fait effectivement partie de ce cartel », écrit-il.

Plus loin dans sa réflexion, Tony Bolamba est un peu plus critique envers les collaborateurs du chef de l’Etat. « J'imagine le désarroi des populations en apprenant par différentes sources que le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a payé à deux entreprises appartenant à une seule personne la somme de plus de soixante millions de dollars, ou en apprenant également que le même ministère paye quarante millions de dollars pour les achats de vivres lors des fêtes de fin d'année mais que, paradoxalement, des pères et mères de famille se partageaient un poulet à deux ou à quatre personnes », écrit le petit-fils d’Antoine Roger Bolamba, un des pères de l’indépendance nationale. Et de poursuivre : « Aujourd'hui, le chef de l'Etat est comme son prédécesseur Joseph Kabila, il est l'otage d'un cartel à qui il fait confiance mais qui détruit sa vision à son insu. Pour en sortir, il appartient à tout citoyen républicain de tirer la sonnette d'alarme... Il faut revenir aux valeurs du projet de la vision du chef de l'Etat, mettre notre peuple au centre de nos débats politiques... La violence de la crise sociale actuelle nous impose une vision renouvelée qui, paradoxalement, ouvrira la voie à un nouveau consensus politique, si non, nous irons droit au mur ! ».

Tony Cassius Bolamba pointe un doigt accusateur sur les collaborateurs du président Félix Tshisekedi qui, estime-t-il, ne lui rendent pas la tâche facile. « La situation sociale catastrophique dans laquelle vivent nos populations n'est pas l'œuvre du chef de l'Etat, nonobstant qu'il soit la tête. C'est l'œuvre d'un groupe des mafieux autour de lui et qui sabotent ses actions sociales, notamment son projet-phare sur l'éducation », allègue-t-il en guise de conclusion.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba