Les Dépêches de Brazzaville



USA : Barak Obama s’émeut de la prolifération des armes


Les dépêches de presse indiquent que l’intervention de Barak Obama mardi, à Washington, pour un contrôle de la vente d’armes dans son pays commence à susciter des réactions dans le sens voulu par le président. Le gouverneur (démocrate) de l’État de Washington, a été le premier jeudi à s’engager lui aussi dans ce combat titanesque.  Jay Inslee a signé un décret pour un meilleur partage d’informations sur les ventes et les acquéreurs d’armes entre services de sécurité et engagé une nouvelle campagne contre le suicide dans son État. Il veut ainsi lutter lui aussi contre la libre disposition des armes à n’importe qui, quel que soit son casier judiciaire ou ses antécédents médicaux.

En larmes à certains moments, M. Obama avait souligné ressentir l’urgence d’agir sur cette question « car les gens meurent. Et les excuses constantes pour l’inaction ne marchent plus, ne suffisent plus ». Selon les statistiques citées par le président américain, quelque 30.000 personnes meurent par armes à feu aux USA. Jeunes et adultes peuvent se procurer des armes, et se croient fonder à en faire usage en invoquant la légitime défense.

Mais la multiplication des meurtres semble avoir légèrement bousculé les opinions. Surtout les nombreuses bavures policières sur de jeunes Noirs ces derniers mois a commencé a ressuscité un débat, véritable serpent de mer. À défaut d’interdire l’usage privé des armes à feu – un « droit garanti par la Constitution et farouchement défendu par la puissante industrie manufacturière d’armes et par les Républicains -, M. Obama veut au moins que soit rendue plus difficile l’acquisition de ces instruments de mort.

Son argument, en principe imparable, est : pourquoi interdire à un dangereux criminel de monter à bord d’un avion de ligne, alors que le même individu peut acquérir tranquillement son arme à feu au coin de la première rue en toute légalité ? Mais la vérité oblige à reconnaître qu’une large majorité d’Américains reste « accrochée » à ces armes. Et, pendant que l’État de Washington restreignait la liberté d’acquisition, celui de Californie autorisait tout citoyen à pouvoir circuler armé sur les lieux publics sur le périmètre de l’État.

L’Afrique regarde en spectatrice le combat d’Obama, et feint de croire que le problème ne se pose qu’au loin. Chez elle-même pourtant, les experts ont maintes fois dénoncé la prolifération des armes à petit calibre et la recrudescence des actes de violence dans les grandes agglomérations. À tout conflit de haute ou de basse intensité fait suite une offre exponentielle des armements sur le marché parallèle. D’autant plus que les réseaux de criminalité s’en mêlent et proposent des facilités qui accélèrent le phénomène. Les rébellions africaines les plus boîteuses réussissent facilement à se procurer des armes et en jouent comme d’un porte étendard pour appuyer les revendications les plus saugrenues.

Une émission de radio en Italie a démontré que les armes ne prolifèrent pas dans les pays de leur fabrication. Elles finissent dans de mauvaises mains après avoir pourtant franchi tous les verrous légaux au sortir des usines. C’est ainsi, a-t-il été révélé, que la justice de la ville de Pérouse a engagé des poursuites contre quatre trafiquants partis au départ pour acquérir 500.000 fusils automatiques pour le compte de la Libye en 2009. Ces armes ont "fini" leur existence dans des mains guerrières en RD Congo, au Tchad, au Soudan et en Irak !

Les armes n’ont pas de date de péremption ; elles circulent d’un théâtre de guerre à un autre. Et plus les quantités acquises légalement sont grandes, plus les mafias de l’armement sont engagées à les « récupérer » et inonder le marché de produits guerriers illégaux. Or, même après 60 ans, une kalachnikov (fusil de référence en la matière) continue de tuer. Et qu’elle soit vendue 50 euros en Afrique ou 2500 dollars en Irak, elle demeure une arme qui tue, quelle que soit la cause.


Lucien Mpama