Les Dépêches de Brazzaville



Voir ou revoir : « Niamo » de Liesbeth Mabiala


Inspiré du roman poignant "Le mort vivant" d'Henri Djombo, le film Niamo nous plonge dans l’histoire d’un homme au cœur d’or, jugé coupable… simplement d’avoir réussi sa vie. Ce thème fort, traversé par des touches de tragédie, de suspense et d’absurde, trouve un écho particulier dans les sociétés africaines contemporaines, où le succès peut parfois devenir source de jalousie nourrie par l’ombre des traditions et du regard des autres.

Le film est porté par une distribution engagée et panafricaine avec des visages connus comme celui de l'actrice camerounaise Emy Dany Bassong. À ses côtés, Moyindo Mpongo de la République démocratique du Congo, Harvin Isma, Rolf Nguié et Alphonse Mafoua de la République du Congo apportent une complémentarité subtile et vibrante.

Avec Niamo, Liesbeth Mabiala signe aussi une œuvre marquante par son écriture visuelle et narrative. Dès les premières scènes, la caméra capte une atmosphère moite, presque palpable, où chaque plan devient tableau, chaque silence un récit. Ce retour douloureux au village pour pleurer sa sœur, pivot dramatique du récit, se transforme en spirale de rencontres inattendues, d’épreuves initiatiques, et de rites imaginaires.

Diffusé en avant-première dans plusieurs pays d’Afrique, Niamo a été projeté dès mars de cette année dans des lieux emblématiques comme le CanalOlympia de Brazzaville, Pointe-Noire et Yaoundé. Puis tout récemment à Paris et bientôt à Orléans. Une tournée symbolique qui met en lumière la puissance de diffusion du cinéma africain.

Le film se distingue par sa capacité à mêler tradition et modernité, à confronter destin individuel et mémoire collective. Il explore aussi les frontières entre vie et mort, souvenirs et légendes, à travers le regard d’un homme qui cherche à convenablement finir son deuil tout en naviguant entre réel et irréel.

À travers Niamo, Liesbeth Mabiala nous offre une œuvre audacieuse, ancrée dans ses racines et tournée vers l’universalité. Alternant intensité dramatique et poésie visuelle, ce film interpelle, émeut et questionne, tout en portant haut l’ambition d’un cinéma congolais riche, complexe, et profondément humain. A voir ou revoir !


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR