Les Dépêches de Brazzaville



Voir ou revoir : « Yesterday » de Darrell Roodt


On l’apprécie pour son côté rêveur, mais le cinéma sait également faire redescendre sur terre en portant à l’écran les grands défis du monde contemporain, tel le cas du VIH/sida. Découvert au début des années 1980, la pandémie figure parmi les maladies les plus redoutées dans nos sociétés, en dépit des grandes avancées enregistrées. En effet, les statistiques actuelles restent alarmantes. A en croire l’Organisation des Nations unies contre le sida, on estime à plus de quarante millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde.

Le film commence et se termine en montrant Yesterday, interprétée par Leleti Khumalo, marchant sur une route. Le scénario suit pas à pas la jeune femme dans son majestueux voyage qui, face à son impuissance à changer le passé, a décidé de vivre pour embellir l'avenir. Yesterday est une mère joyeuse avec une petite fille curieuse de 5 ans, Beauty. Après être tombée malade et avoir tenté en vain de se soigner dans son village, Yesterday se rend dans un grand centre de santé et apprend qu'elle est séropositive. A sa pauvreté d’autrefois, vient s’ajouter la prise en charge médicale alors qu’elle n'en a pas les moyens. Avec son mari dans le déni et sa jeune fille à élever, son seul objectif est de vivre assez longtemps pour voir son enfant aller à l'école.

Avec son joli visage innocent qui cristallise très bien sa douleur et son désir de rester pour sa petite fille, Yesterday symbolise la lutte et l’espoir. Au fil des images, on est vite porté par sa résilience. Malade, elle s'efforce à prendre soin de sa fille et à dissimuler sa souffrance. Et bien que ses jours soient comptés à cause de la difficulté à s’approvisionner en rétroviraux, Yesterday est déterminée à finir ses jours heureux. Son histoire fait écho à l’inégalité d’accès au traitement qui existait au début dans les années 1990, début 2000.

Le film sud-africain sort en 2004, une période durant laquelle le VIH/sida est encore environné de scepticisme, d’ignorance et de tabous. Avec sa caméra, Darrell Roodt s’est emparé de la maladie dans l’objectif de sensibiliser, éduquer le public, briser les tabous et vaincre les idées reçues autour de la séropositivité. Le film se veut également une lueur d’espoir pour toutes les personnes séropositives car souvent, après avoir découvert un tel diagnostic, on a tendance à voir le temps s’arrêter, se dire qu’on a plus beaucoup de jours à vivre et que la seule chose qui reste à faire serait d’attendre patiemment dans son coin la mort. Fort heureusement, aujourd’hui, la science a évolué et permet d’assurer la longévité des patients.


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR