Libye : la Jordanie, la Turquie et les Emirats accusés de violer l’embargo sur les armes dans le pays

Vendredi 8 Novembre 2019 - 12:51

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Les trois pays ont transgressé la mesure imposée à Tripoli depuis 2011, selon un rapport confidentiel d’experts de l’ONU chargés de son contrôle. Les auteurs de l’étude déplorent l’intensification « d’un conflit par procuration » dans le pays.

Dans une synthèse accompagnant leur étude, rendue publique le 8 novembre, les experts ont été plus précis sur les actions menées par la Jordanie, la Turquie et les Emirats pour fournir des armes aux protagonistes libyens. « Les Emirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont fourni des armes de manière régulière et parfois flagrante sans vraiment d’efforts pour en dissimuler la provenance », soulignent les experts dans le document.

Le rapport signale que la Jordanie a formé des troupes du maréchal Khalifa Haftar, qui a déclenché en avril une offensive militaire pour s’emparer de Tripoli. Il soutient que les Emirats arabes unis, autre soutien du maréchal, ont utilisé des avions-bombardiers au profit des troupes de l’homme fort de l’est libyen.

Les diplomates avancent aussi que ce pays pourrait être impliqué dans le bombardement d’un centre de détention de migrants dans la banlieue de Tripoli, le 2 juillet dernier, qui avait fait une cinquantaine de morts. Sur ce point, le rapport fait mention de l’implication « probable » d’un avion étranger, sans apporter de réponse définitive. Il a évoqué de manière générale le recours à des F-16 de fabrication américaine et Mirage 2000-9 de fabrication française - deux types d’appareils en dotation dans l’armée de l’Air des Emirats – qui avaient été utilisés dans le bombardement.

S’agissant de la Turquie, qui a apporté ouvertement son soutien au gouvernement du Premier ministre, Fayez al-Sarraj, l’étude indique qu’elle a fourni du matériel à ses troupes, allant des véhicules blindés aux drones.

Outre la Jordanie, la Turquie et les Emirats arabes unis, les experts ont aussi « identifié la présence de groupes armés tchadiens et soudanais en soutien aux forces affiliées au GNA (gouvernement de Sarraj) et à l’ANL (armée de Haftar) ». « Bien que les capacités militaires des deux parties aient apparemment été renforcées, l’impact des groupes armés étrangers sur le règlement du conflit est resté en réalité limité », précisent les diplomates, qui soulignent attendre des réponses de plusieurs Etats membres de l’ONU à leurs questions.

« Les parties des deux côtés ont reçu des armes et de l’équipement militaire, du soutien technique et des avions de combat non-libyens en violation de l’embargo sur les armes », assure le rapport, remis le 29 octobre aux quinze membres du Conseil de sécurité. Le texte souligne : « Le groupe d’experts a identifié de multiples actes qui menacent la sécurité, la paix et la stabilité en Libye ».

Le document s’interroge sur plusieurs interférences étrangères et évoque, outre les pays déjà cités, l’Egypte, la France, l’Arabie saoudite et le Qatar. « Les opérations militaires ont été dominées par le recours à des munitions guidées de précision tirées par des drones, ce qui a permis dans une certaine mesure de limiter les dommages collatéraux attendus dans un conflit de ce type », notent les experts, ajoutant que depuis le déclenchement de l’offensive du maréchal Khalifa Haftar, une « nouvelle phase d’instabilité, combinée avec des intérêts de plusieurs Etats et d’acteurs non étatiques, a amplifié le conflit par procuration qui s’est développé depuis 2011 ».

 

 

Nestor N'Gampoula

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