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La COP 25 face au paradoxe américain

Jeudi 5 Décembre 2019 - 21:00

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Quatre ans après l’accord de Paris, les États se réunissent à nouveau pour la COP25 qui se déroule à Madrid, en Espagne, du 2 au 13 décembre. Cette année, l’ONU a été extrêmement claire. Au vu de l’avancement du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, c’est la dernière chance d’agir réellement. Si le coche est manqué, les efforts à fournir pour rattraper le retard risquent d’être insurmontables. Brûlée, saccagée, inondée, intoxiquée, la Terre tente vainement de résister à l’humanité et surtout à sa démesure. Durant l’année en cours, les scientifiques ont rassemblé toutes les données disponibles dans quatre rapports majeurs, afin d’alerter sur l’état du monde et sur les engagements à mettre en place.

Mais pendant que l’on parle d’urgence climatique à l’échelle planétaire, le gouvernement républicain de Donald Trump a réitéré, le 4 novembre dernier, sa ferme volonté de quitter l’accord de Paris sur le climat à partir de l’année prochaine. Le président américain avait annoncé dès 2017 le retrait de son pays de cet accord, estimant qu’il était nocif pour l’économie américaine, et a multiplié depuis les mesures pour alléger les régulations en matière de normes environnementales.

Si bien que pour la COP 25, la délégation américaine est simplement conduite par la cheffe du bureau pour les Océans et les Affaires scientifiques et environnementales internationales, accompagnée par d’autres responsables du département d’État.

Mais face à cette délégation de technocrates, l’opposition démocrate, plus soucieuse de protection de l’environnement que les républicains, a dépêché de son coté quinze élus du Congrès américain avec à leur tête la présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, pour affirmer la volonté des Etats-Unis de continuer à œuvrer dans la lutte contre le changement climatique pour sauver la planète.

Deux courants s’opposent donc clairement aux Etats-Unis dans le combat contre le changement climatique. Le camp des climato-sceptiques, avec son chef de file Donald Trump, ne cesse de réfuter tous les rapports d’experts qui confirment pourtant que les conséquences du changement climatique, au-delà des frontières des Etats-Unis, vont affecter de plus en plus leur commerce et leur économie, notamment les prix à l'import et à l'export, ainsi que les entreprises qui ont des investissements et des chaînes d’approvisionnement à l’étranger.

Pour les autres, à l’instar de l’influente Nancy Pelosi, le changement climatique est une menace existentielle qui pose des problèmes de santé publique, économique et de sécurité nationale à la première puissance mondiale. Et de par leur position, les Etats-Unis ont donc une responsabilité morale envers les futures générations de transmettre une planète dans le meilleur état possible.

En raison d’une clause inscrite dans le texte de l’accord de Paris sur le climat, qui enclenche un compte-à-rebours d’un an avant tout retrait, les Etats-Unis ne pourront effectivement le quitter que le 4 novembre 2020, c’est-à-dire le lendemain de la prochaine élection présidentielle américaine. Donald Trump qui sera candidat à sa propre succession devrait faire aboutir son projet s’il est réélu. S’il perd l’élection face aux démocrates, alors dans ce cas, l’espoir de voir le pays de l’oncle Sam demeurer dans l’accord de Paris sur le climat ne ferait plus aucun doute.

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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