Interview. Claire Poinas : « C’est génial de pouvoir établir des ponts entre plusieurs sujets différents »

Jeudi 19 Décembre 2019 - 15:57

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Passionnée par le travail auquel elle consacre ses journées depuis vingt-ans, la guide de l’AfricaMuseum en parle avec passion au Courrier de Kinshasa. Elle évoque l’attrait qu’a ce « formidable musée », expliquant qu’au-delà du bâtiment ouvert à des visiteurs d’horizons variés, il y a cet institut scientifique dont les divers sujets de recherches mettent à sa portée des savoirs qui l’ouvrent à un nouveau monde.

La guide Claire PoinasLe Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Nos lecteurs peuvent-ils vous connaître ?

Claire Poinas (C.P.) : Je m’appelle Claire Poinas et je suis médiatrice culturelle. Depuis vingt ans, j’essaie de faire le lien entre le musée, les collections, les savoirs de l’institution scientifique et les différents publics qui viennent au musée. Ce public est varié et englobe les petits enfants de la maternelle, les adolescents, les adultes qui ont différents bagages socio-culturels, des gens de tous horizons, de tout bord.

L.C.K. : Vous arrêtez-vous à guider le public dans des espaces spécifiques de l’AfricaMuseum ou le faîtes-vous sur son ensemble  ?

C.P. : Sur son ensemble. Un guide doit pouvoir parler des insectes, de l’architecture du musée, de l’histoire, etc. L’on doit être capable de rendre accessibles aux différents publics toutes les connaissances diffusées par le musée.

L.C.K. : Pourriez-vous nous parler de vos débuts comme guide dans une institution aussi complexe que le Musée royal de l’Afrique centrale  ?

C.P. : Les débuts n’étaient pas très brillants. Je suis venue de France vers la Belgique, j’avais déjà contacté le musée qui cherchait un guide. Un jour, j’ai remplacé au pied levé une guide malade à une nouvelle exposition. Elle portait sur l’exposition coloniale de 1897 qui s’était tenue dans le parc qui est maintenant le musée. Et, je ne connaissais rien à l’histoire belge, rien à la colonisation du Congo. J’avais vite potassé le catalogue et à ma première visite, j’avais juste restitué le catalogue sans beaucoup de brio. Le groupe que j’avais guidé n’avait pas été très content, ça je le sais. C’était là mes débuts en 1997. Et puis finalement, à force d’être dans les murs, je ne manquais pas une occasion d’apprendre dès qu’il y avait une nouvelle expo, j’ai ainsi empilé les connaissances. Donc, vingt ans de catalogues d’expositions dans la tête, cela donne forcément de l’expérience. Mais il y a aussi les rencontres avec mes collègues ou des gens qui viennent du Congo avec qui l’on discute et même avec les visiteurs aussi qui apprennent beaucoup de choses. Des fois, il faut juste savoir les écouter. Donc, tout cela fait que j’ai maintenant la tête pleine du Congo (petit rire).

L.C.K. : De tout l’AfricaMuseum, quelle est la partie qui vous accroche le plus  ?

C.P. : Ce qui m’intéresse le plus c’est la partie historique. Nous avons eu à un moment une exposition sur les papillons. Dans ce cadre, nous avons suivi une formation en entomologie. Pour moi, c’était une ouverture à un nouveau monde et depuis cette époque-là, j’adore les bestioles, je m’intéresse aux insectes. Et donc, ce qui est formidable dans ce musée c’est qu’au-delà du bâtiment que les gens visitent, c’est aussi un institut de recherches scientifiques qui traite de sujets divers, cela peut être les poissons d’eau douce, les araignées, les bois, les objets rituels, la colonisation, le royaume kongo, etc. Nous abordons plusieurs sujets différents et c’est génial de pouvoir créer des passerelles entre tous ces sujets. Ainsi, à partir d’un masque l’on est porté à parler du bois, de la manière dont il est arrivé en Belgique, de sa fonction dans son contexte originel, etc. Il y a plein de choses à dire et c’est génial de pouvoir établir des ponts entre plein de sujets différents.      Une ancienne exposition de papillons et d’insectes du musée de Tervuren avant sa rénovation

L.C.K. : Avez-vous déjà eu l’opportunité d’enrichir vos connaissances sur un des sujets de vos visites guidées à partir d’un voyage au Congo ?

C.P. : J’ai eu l’occasion de travailler à la rénovation, notamment dans la partie « Langues et musiques ». Dans ce cadre-là, j’ai eu la chance d’aller à Kinshasa et de faire des interviews à des experts de la parole, notamment des linguistes, des professeurs qui m’ont parlé des contes, des artistes, etc. J’ai entendu et baigné dans plein de langues différentes, de récits différents, et je me suis plongée avec bonheur dans cette ville bouillonnante, trépidante, chaotique et extraordinaire. Mais je l’avoue, je ne connais que Kinshasa et je suis sûre qu’il y a d’autres endroits que j’adorerai. J’aimerai aussi pouvoir découvrir le Rwanda, c’est un pays qui m’interpelle aussi.       

L.C.K. : Au contact des musiques proposées dans le Musée de Tervuren, y en a-t-il une qui vous captive  ?

C.P. : Moi, c’est plutôt un instrument qui m’a toujours plu, il s’agit de la sanza, le likembe. On est loin de la rumba et des guitares que j’apprécie, j’aime cette musique pour l’énergie qu’elle dégage. Mais j’affectionne beaucoup plus le son intimiste et très, très délicat et très particulier du likembe.

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La guide Claire Poinas Photo 2 : Une ancienne exposition de papillons et d’insectes du musée de Tervuren avant sa rénovation

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