Santé publique : le Dr Dewah prône la qualité de la médecine traditionnelle

Lundi 14 Avril 2014 - 18:31

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Installé au Congo depuis janvier dans sa clinique située dans le 5e arrondissement de Brazzaville, Ouenzé, le tradipraticien de nationalité camerounaise, le Dr Dewah, évoque dans cet entretien exclusif, les avantages de la médecine traditionnelle-moderne et sa vision pour la jeunesse congolaise

La médecine traditionnelle est en train de connaître une mutation dans plusieurs pays africains, malgré le déni de reconnaissance dont elle fait l'objet de la part de certains acteurs du système de soins moderne. Elle adopte au fil du temps, les méthodes et les techniques de la médecine moderne dans la prise en charge des patients. Elle se positionne également à la fois sur des pathologies liées au corps, marchant ainsi sur le terrain de prédilection de la biomédecine, d'où une certaine concurrence thérapeutique, mal appréciée par quelques uns. « Ce qui m’a motivé pour venir au Congo, c’est le nombre de personnes qui venaient au Cameroun. Nous soignons des maladies qui menacent nos populations de la sous-région Afrique centrale qui se trouve dans la zone des tropiques, comme le paludisme, la fièvre typhoïde, les infections vénériennes, bref des maladies virales parmi lesquelles les hépatites A, B et C, et bien d’autres », a expliqué le Dr Dewah.

Pratiquant cette médecine depuis 1978, le Dr Dewah envisage d’installer des cliniques dans tous les pays d’Afrique centrale où les patients souffrent pratiquement des mêmes maladies. Actuellement il dispose d'officines au Cameroun, son propre pays, au Gabon et en République du Congo. L’expérience qu’il a tentée en République centrafricaine, a coupé court à cause du conflit armé qui déchire ce pays. « J’ai déjà une expérience de 36 ans. En médecine, on ne parle pas de marché parce que ce n’est pas un commerce, il s’agit d’un problème de santé, nous ne sommes pas des vendeurs de remèdes. Notre médecine traditionnelle a, à un moment donné, perdu de sa crédibilité compte tenu du fait qu’elle était la base de notre soin de santé avant l’arrivée de la médecine moderne », a-t-il poursuivi.

Fils d’un tradipraticien, le docteur camerounais dit se battre depuis lors pour sortir la médecine traditionnelle de l’ombre. Selon lui, tout ce que les gens mangent, constitue des remèdes et peut les guérir tout comme les tuer. Interrogé sur la dose susceptible d’être administrée aux patients, il rappelle que la médecine traditionnelle n’utilise pas des produits chimiques comme la médecine moderne. « Nos produits sont fabriqués à base de plantes naturelles, des aliments que nous mangeons. Nous les composons pour en faire un remède. Nous utilisons les écorces, les herbes, le miel… Nos produits sont fabriqués à base de fruits. Chaque profession, c’est un appel. Surtout, la médecine traditionnelle est une science qui passe des parents aux enfants, mais ce que je suis en train de faire est un peu différent de ce que mon père avait fait, il était aussi tradipraticien » , a ajouté ce tradipraticien.

Dans le but de s’implanter dans tous les départements du Congo, le Dr Dewah entend recruter et former les jeunes Congolais pour assurer une couverture nationale de tradipraticiens. Ainsi a-t-il demandé aux jeunes gens de s’approcher de sa clinique pour suivre une formation afin de soigner les Congolais. Il a, par ailleurs, rappelé que jusqu’à présent, la médecine traditionnelle ne disposait d’aucune école de formation dans plusieurs pays d’Afrique. D’où la nécessité d’apprendre sur place en observant les malades et les traitements à administrer.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le Dr Dewah dans son officine à Brazzaville. crédit photo Adiac