Covid-19/Afrique : une industrie pharmaceutique fragile et dépendante

Mercredi 17 Juin 2020 - 13:45

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L'Afrique subsaharienne est la région du monde qui importe les neuf-dixièmes de ses médicaments. Ce qui la fragilise et maintient sa dépendance en matière de santé, malgré l'émergence de productions locales, surtout en cette période dominée par la pandémie de Covid-19.

L'industrie pharmaceutique en Afrique demeure à un état embryonnaire. Seulement 3% de la production mondiale de médicaments est issue du continent africain. Celle-ci provient de quelques "hubs" ou "pharmerging". Or l'Afrique est un continent à fort potentiel, sur le plan humain et économique. Les possibilités semblent infinies. "La pandémie de Covid-19 a révélé la nécessité de développement de l'industrie locale", a déclaré le docteur Vandi Deli, directeur de la pharmacie et du médicament au ministère de la Santé du Cameroun. "Car en début de pandémie, certains pays produisant le plus de substances actives ou de produits finis, ont restreint, voire interdit l'exportation de certaines matières", a-t-il expliqué. 

L'Afrique est dépendante en matière de médicaments

La Covid-19 a donc révélé la fragilité et la dépendance des pays d'Afrique subsaharienne en matière de médicaments, donc de santé. Le continent africain a besoin d'industriels locaux et que les Etats africains approvisionnent les hôpitaux sur le marché local. "Il faut que l'Etat s'implique réellement et directement. Avec des mesures telles que l'arrêt d'importation des produits fabriqués localement sur une durée de cinq ans, juste pour permettre aux gens de rentabiliser leur investissement", a déclaré Elisabeth Kacou, fondatrice de la société qui porte son nom. La santé des Africains est exagérement dépendante des grands laboratoires étrangers. L'avenir du médicament devra dépendre un peu plus des industriels africains. 

L'éclosion du potentiel par l'éclosion l'industrie pharmaceutique. Celle-ci participe à l'amélioration et au maitien de la qualité de vie des populations. La demande en produits pharmaceutiques se fait  de plus en plus croissante, et l'Afrique ne semble pas pas être à même de profiter ou stimuler l'expansion de ce secteur, afin de répondre à la demande. Mais au sein du même continent, on  observe un "clivage". Alors que le Maroc, l’Algérie et l’Afrique du Sud,  arrivent à satisfaire entre 70% et 80%  de leurs besoins pharmaceutiques, l'Afrique centrale semble peiner. Près de 99% de médicament qui y circulent sont importés de l'étranger. Ce qui n'est pas sans poser plusieurs problèmes, notamment les coûts élevés liés au transport, à l'approvionnement des stocks tributaires des délais de livraison parfois longs,  au développement  de produits contrefaits ou de moindre qualité. 

L'industrialisation de ce secteur permettrait la mise à disposition de produits de santé en adéquation avec les besoins des populations, à des prix abordables et en nombre suffisant. Une des réponses à l'accessibilité  du médicament en Afrique est le développement à l'échelle régionale. 

Investir dans l'industrie pharmaceutique en Afrique

La croissance de la population africaine, qui aujourd'hui est supérieure à un milliard d'individus, constitue un défi  majeur. Un défi encore plus important car il intègre la prise en charge des besoins en matière de santé. La demande en matière de santé sera donc croissante, mais l'Afrique semble ne pas être à même de profiter de l'expansion de ce secteur. L'industrie pharmaceutique du continent étant en étant embryonnaire. Les dépenses pharmaceutiques en Afrique devraient atteindre 30 mille dollars. Il urge  de considérer ce secteur, qui semble être un créneau porteur de croissance, mais aussi pour réduire la dépendance du contient vis-à-vis de l'extérieur, notamment sur des sujets aussi sensibles et vitaux que la santé. 

Très peu d'entreprises sont actives dans l'industrie pharmaceutique en Afrique. L'offre en produits pharmaceutiques en provenance de l'Afrique ne représente que 2% de l'offre mondiale. Les quelques entreprises qui couvrent le secteur sont des filiales de laboratoires délocalisés. C'est le cas de Sanofi Aventis, Pfizer, Cipla. Ces labotatoires se concentrent sur la production de médicaments génériques destinés au marché local et s'activent sur la recherche. L'essentiel de la consommation de produits pharmaceutiques est couvert par  les importations en provenance d'Europe et d'Asie. 

Les industriels locaux connaissent une croissance à deux chiffres depuis près de dix ans, et certains comme le Sud-Africain Aspen Pharmacare jouent déjà dans la cour des grands, pesant cinq milliards de dollars à la Bourse de Johannesburg. L'Afrique peut exploiter ce secteur comme un levier au développement. L'implantation de nouvelles industries pharmaceutiques permettra, au-delà de la prise en charge des problèmes liés à la santé à moindres coûts, à créer de l'emploi. Pour atteindre ses objectifs, le secteur doit mettre en place une stratégie qui consiste à créer un environnement propice et attractif pour l'exercice de cette activité et renforcer le développement des entreprises localement présentes afin de limiter les importations. 

Le partenariat entre le public et le privé demeure un levier de développement majeur. Le secteur est délaissé alors que l'Afrique comptera d'ici 2050 près de 2,4 milliards d'indidivus.  

 

 

 

 

Noël Ndong

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