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Samedi 12 Septembre 2020 - 17:26

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Voir les frères ennemis libyens s’asseoir autour d’une table pour débattre de l’avenir de leur pays n’était pas arrivé depuis plusieurs mois. Ils s’y sont engagés à nouveau grâce aux bons offices du Maroc qui a reçu, du 6 au 7 septembre, dans la ville de Bouznika, les délégués des deux factions rivales, ceux du gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez Al Sarraj (Ouest), et ceux du maréchal Khalifa Haftar, installé quant à lui à Benghazi (Est).

En 2015, déjà, le royaume chérifien avait parrainé l’accord de Skhirat, considéré par plusieurs facilitateurs de la crise libyenne à l’époque comme le socle du chemin menant à la paix dans ce pays. Depuis, les intérêts des parties libyennes, mêlés à ceux des puissances extérieures ont mis à mal la mise en œuvre totale de ce texte, duquel, néanmoins, les autorités en poste à Tripoli tirent leur légitimité.

La crise libyenne a épuisé différents recours, sans qu’une solution viable soit trouvée. Du haut comité mis en place par l’Union africaine aux multiples initiatives entreprises par les pays comme la France, l’Italie, Abu Dhabi, la Russie, la Turquie, l’Allemagne, en passant par l’implication des Nations unies à travers l’envoi d’un émissaire sur place en Libye, rien n’a vraiment fonctionné dans le sens souhaité.

On a plutôt assisté à un raidissement des positions à l’intérieur de la Libye même et du côté des sponsors des parties au conflit. Il n’y a pas longtemps, l’Egypte, soutien du maréchal Aftar, était sur le pied de guerre suite à l’avancée vers l’est des troupes du Premier ministre Sarraj appuyées par la Turquie. Les enjeux internationaux d’un conflit ouvert entre ces deux pays qui comptent dans la région, ont poussé Le Caire et Ankara à mettre un peu d’eau dans leur vin. La guerre qui était en passe de s’internationaliser a été reportée sine die.

Peut-être se sont-ils rendu compte, ces rivaux libyens, qu’à force de compter sur l’extérieur pour espérer gagner la guerre civile ne rendra pas service à leurs compatriotes qui souffrent depuis de nombreuses années. Par le biais de son comité de haut niveau, l’Union africaine a toujours formulé ce message de clarté, à savoir que seuls les Libyens eux-mêmes pouvaient trouver une solution appropriée à cette guerre commandée de l’étranger et entretenue par l’étranger.

Le pas qu’ils viennent de franchir après les pourparlers de Bouznika fonde l’espoir qu’enfin, les dirigeants libyens de tous les bords prennent conscience de leur responsabilité dans l’accomplissement du destin de leur nation. C’est certain que le chemin reste encore long, parce qu’il leur faudra se dépouiller de leurs atours actuels globalement usurpés pour asseoir une légitimité conférée par les consultations populaires. Le cessez-le-feu décrété le 22 août dernier va peut-être dans le sens de cette volonté commune des belligérants d’accorder enfin la paix à leur pays meurtri.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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