Commémorations : Brazzaville, capitale de la France libre

Samedi 12 Septembre 2020 - 17:00

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Fin octobre 2020, Brazzaville célèbre le 80e anniversaire de l’Appel du Général de Gaulle prononcé à Radio Brazzaville et le Manifeste de Brazzaville qui créé le Conseil de défense de l’empire, premier organe de gouvernement de la France libre.

Cette page d’histoire africaine méconnue des jeunes générations a été décisive dans l’histoire de la Résistance et de la Libération de la France. C’est à Brazzaville, choisie pour être la capitale de cette France qui se voulait libre face à l’occupant nazi, que se sont déroulées quelques-unes des plus riches heures de cette histoire.

Pour comprendre le rôle et la place de la capitale congolaise dans l’aventure de la France libre, il faut se reporter aux événements de juin 1940 : la France est vaincue et envahie par l’armée allemande. Le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement, ordonne l’arrêt des combats et annonce qu’un armistice sera bientôt signé. De nombreux Français, au premier rang desquels le général de Gaulle, n’acceptent pas cette décision.

Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle lance un appel à la résistance : en refusant la capitulation et en appelant à poursuivre le combat, il pose l’acte fondateur de la France libre.  Dix jours plus tard, Winston Churchill, Premier ministre britannique, reconnaît de Gaulle comme le chef des Français libres… Des Français libres, mais sans territoire. Or, sans base territoriale française, l’action du général de Gaulle et de ses compagnons n’aura ni poids, ni légitimité aux yeux des Alliés.

La France libre en terre d’Afrique

C’est l’Afrique équatoriale française (AEF), ralliée progressivement à sa cause, qui va lui donner cette légitimité et permettre à la France libre d’entamer le combat. Les 26, 27 et 28 août 1940 voient successivement le ralliement du Tchad – grâce à l’intervention décisive de son gouverneur, Félix Éboué –, du Cameroun, du Congo, de l’Oubangui-Chari (aujourd’hui République centrafricaine), et un peu plus du Gabon.

À partir du 8 octobre 1940, le général de Gaulle entreprend un voyage en Afrique équatoriale, où il est reçu triomphalement. Le 26 octobre, il choisit Brazzaville pour être la capitale de la France libre : déjà capitale de l’AEF, elle bénéficie d’un accès stratégique à la mer. Autre argument qui a fait pencher la balance en sa faveur : Brazzaville a fait preuve de sa loyauté à l’égard du général de Gaulle en se ralliant très tôt à sa cause.

Le général de Gaulle arrive dans la capitale congolaise le 24 octobre 1940 dans la matinée, à l’aéroport du camp d’aviation du Capitaine-Gaulard, dans le quartier de Bacongo. C’est le premier voyage d’une série de sept qu’il fera jusqu’en janvier 1944.

Ses différents séjours à Brazzaville seront l’occasion de poser des actes politiques forts. Lors de ce premier séjour d’octobre 1940, le 26 exactement, le général de Gaulle prononce un discours à Radio Brazzaville et, dès le lendemain, par le Manifeste de Brazzaville, il crée le Conseil de défense de l’empire, premier organe de gouvernement de la France libre.

Une quinzaine de jours plus tard, le 16 novembre, toujours à Brazzaville, il crée l’ordre de la Libération, destiné à récompenser « les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son empire ».

Brazzaville base arrière militaire

La ville va devenir rapidement une importante base arrière militaire pour les 16 500 hommes, presque tous d’origine africaine, déjà sous les drapeaux et les soldats des Forces françaises libres. Le quartier général des armées de l’AEF, les services de l’Intendance de l’Afrique française libre et une école militaire, créée en 1941, y sont installés.Brazzaville connaît alors une activité intense et a besoin de nouvelles infrastructures pour assumer son rôle de capitale.

Un architecte de talent, Roger Erell, va susciter d’étonnantes réalisations qui contribuent à la transformation de la capitale congolaise, parmi lesquelles le stade Félix-Éboué à Poto-Poto et la basilique Sainte-Anne-du Congo. Il est aussi l’architecte de la résidence du général de Gaulle à Brazzaville. S’il a peu résidé à la « Case de Gaulle », ce dernier n’en appréciait pas moins l’endroit : « Je descends à la Case de Gaulle, résidence que le territoire, dans son généreux attachement, a construite pour mon usage sur la rive splendide du Congo », écrit-il dans ses Mémoires.

1944 - L’avenir de l’Afrique au cœur de la Conférence de Brazzaville

En 1944, Brazzaville est une nouvelle fois le lieu d’un événement qui aura de grandes répercussions quelques années plus tard : elle accueille la Conférence africaine française, dite de Brazzaville, qui se tient du 30 janvier au 8 février 1944.

Dès 1943, les plus proches collaborateurs du général de Gaulle, au sein du Comité français de la libération nationale (CFLN), suggèrent qu’une réflexion sur l’avenir de l’Afrique doit être menée à grande échelle. Le général lui-même, conscient des immenses sacrifices consentis par les soldats africains pour la libération des territoires européens, comprend qu’il est nécessaire d’engager les colonies « sur la route des temps nouveaux ». Certes, la Conférence de Brazzaville est restée très conservatrice dans ses propositions concernant l’organisation de l’empire français. Mais elle a permis des avancées jusque-là impensables, et nombreux sont les historiens qui considèrent qu’elle a été la première étape d’une évolution qui devait mener à la décolonisation de l’Afrique.

Le 25 octobre de la même année, le général de Gaulle déclare, lors d’une conférence de presse à Paris : « Après Brazzaville, le gouvernement français a fixé sa politique. […] Elle consiste à mener chacun de ces peuples à un développement qui lui permette de s’administrer et plus tard de se gouverner lui-même. »

 

 

Les Dépêches de Brazzaville

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