Terrorisme : le nord du Cameroun et le Sahel victimes d’assauts djihadistes meurtriers

Jeudi 3 Décembre 2020 - 10:39

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La multiplication d’attaques contre les forces de sécurité et les civils ainsi que d’enlèvements contre rançon inquiètent les pays de la région qui intensifient les efforts pour lutter contre les insurgés. Des mesures drastiques visant, entre autres, à augmenter les effectifs de l’armée, renforcer le soutien logistique et en matière de formation, sont prises pour contrer l’action des forces négatives qui opèrent sur le terrain.

Boko Haram et une branche dissidente, le groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), multiplient, ces derniers temps, des assauts meurtriers contre les militaires et les villageois de l’extrême-nord du Cameroun comme dans les régions limitrophes des trois pays voisins, le Nigeria, le Niger et le Tchad. Ils y enlèvent fréquemment des civils, notamment des femmes et des enfants.

Pour Olivier Guillaume Beer, représentant du HCR au Cameroun, « les récentes attaques illustrent une augmentation importante du nombre d’incidents violents dans l’extrême-nord au Cameroun, tels que des pillages et des enlèvements » par la secte islamiste et d’autres groupes armes. Allusion faite à l’attaque du village Oudal, situé à 6 km de la frontière avec le Nigeria, et à celle de la localité de Kouyapé abritant des déplacés, près de la frontière nigériane.

Outre le Cameroun, les pays du Sahel font de plus en plus face à des défis sécuritaires. Boko Haram et l’Iswap continuent de semer la terreur dans certains Etats. C’est le cas du nord du Nigeria où des dizaines de civils ont été froidement tués en fin de semaine dernière alors qu’ils travaillaient dans une rizière à une vingtaine de kilomètres de Maiduguri. Une tuerie qui continue de susciter indignations et condamnations partout. Les agriculteurs, pêcheurs ou bûcherons sont régulièrement pris pour cible dans la zone par les djihadistes, qui les accusent de transmettre des informations à l’armée régulière.

Des islamistes infiltrés dans les rangs des gangs criminels

La recrudescence d’attaques meurtrières le long de l’autoroute qui relie Abuja, la capitale fédérale, à Kaduna, chef-lieu de l’Etat du même nom, a contraint l’armée à bombarder des hommes armés dans cette partie nord tuant plusieurs d’entre eux. Ces bandes criminelles sont motivées par l’appât du gain, mais selon des experts en sécurité, des groupes djihadistes pourraient avoir infiltré leurs rangs. Le nord-ouest du Nigeria est aussi la proie de ces gangs criminels qui pillent les villages, volent le bétail et pratiquent le kidnapping contre rançon.

Au Niger voisin, l’armée évoque la nécessité de faire passer ses effectifs de 25.000 à 50.000 ou 150.000 pour mieux combattre les djihadistes. A ce sujet, le ministre de la Défense, Issoufou Katambé, assure que « les dispositions sont en train d’être prises pour atteindre cet objectif ». Dans cette optique, une école d’état-major sera ouverte en janvier 2021, a-t-on appris.

L’armée du Niger paie un lourd tribut à la lutte aux groupes djihadistes : fin 2019 et début 2020, une série de trois attaques avait coûté la vie à 174 soldats, traumatisant le pays.

Au Burkina Faso, certaines régions se sont enfoncées dans le chaos du fait des attaques récurrentes des groupes djihadistes. Cette détérioration de la situation sécuritaire risque de compliquer la promesse de campagne du président réélu, Rock Marc Christian Kaboré, de construire « un Burkina Faso meilleur pour l’ensemble des populations ». Quant au nord du Mali, il est l’un des foyers des violences et des agissements djihadistes auquel le pays est en proie depuis 2012, malgré l’engagement de forces onusiennes et françaises.

Signalons également qu’au Tchad, malgré une vaste opération de l’armée en avril, les attaques de Boko Haram dans la province du Lac continuent. L’Organisation internationale des migrations estime que plus de 360.000 personnes y ont fui leur domicile pour éviter les attaques.

Nestor N'Gampoula

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