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Sur « le dernier poumon du monde »

Samedi 19 Décembre 2020 - 18:31

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Tous les feux se mettant au rouge dans le champ vital du réchauffement climatique comme l’ont démontré les chiffres rendus publics en fin de semaine dernière (+ 3 % de hausse des températures probable au lieu de 1, 5 % attendu), la bataille du climat s’impose désormais comme une priorité absolue pour tous les pays de la Terre. Avec cette conclusion indiscutable que si l’accord signé à Paris le 12 décembre 2015 entre les 196 parties présentes à la COP 21 – Etats et institutions internationales – ne se concrétise pas dans les dix années à venir l’humanité ira, comme on dit, « dans le mur » en signant sa perte.

 

Ce constat étant établi, preuves indiscutables à l’appui, par les scientifiques sur tous les continents, trois phénomènes destructeurs vont se multiplier à plus ou moins brève échéance qui placeront l’espèce humaine face à ses propres responsabilités. Les voici résumés en quelques mots.

 

  1. La hausse des températures rendra l’air qui nous permet de vivre de moins en moins respirable. Alors que l’espèce à laquelle nous appartenons ne cesse de grandir et comptera près de dix milliards d’êtres humains à la fin du présent siècle, l’atmosphère qui lui a permis de s’imposer sur toute la surface du globe se dégrade à une vitesse telle que les maladies de toute nature engendrées par la sururbanisation et la surindustrialisation se multiplieront. Exactement comme le fait aujourd’hui la pandémie du coronavirus dont la mondialisation a permis l’expansion planétaire.

 

  2. La hausse des températures provoquant simultanément une fonte accélérée des glaces sur les deux pôles, mais aussi et peut-être plus encore sur tous les massifs montagneux des cinq continents, l’élévation du niveau des océans ne peut que s’accélérer. Au point qu’à échéance de cinquante ou soixante ans, comme l’annoncent les spécialistes, une bonne partie des côtes sur lesquelles ont été construites d’immenses villes seront submergées, donc effacées et l’on verra ainsi New York, Shanghaï, Buenos Aires, Rio de Janeiro, Amsterdam, Hambourg, Le Havre, Le Cap, Luanda et autres grandes cités disparaître.

 

  3.Tout aussi grave, sinon même plus, sera pour notre propre espèce la multiplication des orages, des typhons, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques que la hausse des températures et la dégradation de l’air multiplieront. Autant de phénomènes dits « naturels » qui ont toujours frappé l’humanité certes mais dont la généralisation rendra des régions entières invivables, provoquant des vagues migratoires d’une ampleur jamais connue.

 

De ce qui précède ressort l’idée aussi simple qu’évidente selon laquelle la bataille climatique et donc environnementale s’impose à tous les peuples de la Terre comme une priorité absolue, une nécessité vitale. Ressort aussi cette autre idée, ou plutôt cet autre constat que les nations riches de l’hémisphère nord parlent plus qu’elles n’agissent afin de préserver l’environnement et que si elles veulent préserver leur propre existence elles vont devoir aider les nations émergentes de l’hémisphère sud à préserver la nature qui les entourent.

 

Une certitude qui fera notamment du Bassin du  Congo, dans les années à venir, l’une des régions les plus observées et probablement, du moins faut-il l’espérer, les plus aidées du globe. C’est pourquoi nous ne saurions trop conseiller à nos lecteurs, au Congo et en Afrique mais aussi partout ailleurs dans le monde, de lire avec attention l’entretien que Yamina Benguigi, réalisatrice du film documentaire « Le dernier poumon du Monde », a accordé cette semaine au Point Afrique

 

Avec cette conclusion : « Il est urgent de poser la question de la dette écologique envers l’Afrique, qui doit préserver la forêt primaire du Bassin du Congo. C’est cette forêt qui transforme et stocke dans les arbres et dans la tourbière les gaz à effet de serre émis par les pays industrialisés occidentaux. L’Afrique doit la protéger pour que ces pays puissent continuer à respirer. Il faut donc décoloniser l’imaginaire d’une écologie qui ne serait qu’une affaire de « Blancs » qui se règle entre « Blancs ». Dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’Afrique doit avoir une place à la hauteur de ses responsabilités et discuter d’égal à égal avec les autres continents. J’espère que mon film participera à ce changement de perspective ».

 

On ne saurait être plus clair, ni plus lucide.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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