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Même primaire, la corruption est dangereuse !

Samedi 9 Janvier 2021 - 13:17

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En des termes plus simples, la corruption est une perversion sociale qui met en jeu le corrupteur et le corrompu dans les intérêts avoués d’une part pour le corrupteur d’obtenir des avantages particuliers et d’autre part pour le corrompu d’obtenir une faveur, soit financière en rapport avec sa complaisance. En revanche, la corruption dite « primaire » est celle qui se passe au su et au vu des citoyens et tend à devenir une « valeur admise » alors qu’elle n’en est rien car elle s’avère très dangereuse et détruit la cité à petit feu.

 Cette corruption primaire qui prend des proportions inquiétantes est en train de ronger toutes les sphères de la vie sociale, car aucune « strate sociale » n’est épargnée. C’est une antivaleur qu’il faille éradiquer dans notre socialité, c’est-à-dire cette manière de vivre, telle qu’elle se manifeste actuellement,  atteindra un niveau de non-retour dans un futur non pas trop lointain. Et ce serait dommage ! Cette corruption primaire se limite à des sommes d’argent qui vont de 5000 à 100.000 FCFA. Pour certains citoyens, cette corruption est tellement ancrée dans nos mœurs actuelles et il paraît difficile de l’arrêter. Argument rejeté par plusieurs analystes du phénomène.

Cette corruption qualifiée en vernaculaire par le « madesu ya bana » , autrement dit « pots de vin », s’incorpore volontairement dans tous les domaines de la vie humaine, notamment la famille, l’administration, la politique, les corporations sécuritaires, douanières et bancaires, l’enseignement, le sport, l’armée, les églises, les mairies, les hôpitaux, les sociétés de fourniture d’eau et de l’électricité et les organisations non gouvernementales pour ne citer que ces instances.

« Pia yé kaka moua éloko poté atika biso to léka ». Litteralement, cette phrase signifie : «  trouve lui un peu de sous à l’instant même pour qu’il nous laisse passer ». Ce constat, nous le faisons dans de nombreuses artères de nos deux grandes agglomérations Brazzaville et Pointe-Noire, et aussi sur nos nationales et cela se passe sous l’œil attentif du voyageur. A l’enseignement par exemple, un parent qui sait pertinemment que son fils ne mérite pas d’aller en classe supérieure se permet d’aller voir des responsables de l’école pour des arrangements en termes d’argent. Même chose au niveau de nos frontières où des arrangements sont devenus monnaie courante pour s’échapper de certains contrôles drastiques. Où allons-nous diable !

En sport par exemple, cela est connu de tous, condamnons-le avec la dernière énergie. Ceux qui ont la charge de conduire des formations sportives se permettent d’en pocher de petits pourcentages soutirés sur les cachets des joueurs et malheur aux joueurs et athlètes qui n’accepteraient pas cette « plateforme honteuse ». Dans les hôpitaux, pour être vite reçu, il faut être dans le jeu de l’homme soignant, c’est-à-dire préparer bien son « jus ».  Même chose dans les mairies et les services judiciaires pour des légalisations et casiers judiciaires, la chose tend à être criarde. « Apprendre ou à laisser », disent ceux qui sont là pour des services publics. Les services de contrôle au niveau des commerces brillent par ces actes d’arrangement même s’il faut « frapper »

Ce phénomène de la corruption primaire, s’il n’est pas vite arrêté,  continuerait de causer un gros préjudice et un grincement de dents à ceux-là qui n’ont rien mais arrivent de temps en temps dans des administrations publiques pour solliciter des services. Les campagnes de sensibilisation, des actions dissuasives et répressives pourront être l’une des pistes essentielles pour amoindrir l’ampleur de ce dangereux fléau. Affaire à suivre !

 

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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