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Duperie

Lundi 8 Février 2021 - 16:43

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Proverbialement, il n’y a jamais de médaille sans revers. C’est ce que l’on peut dire de la modernité, avec ses multiples implications. Le téléphone cellulaire, couramment appelé « portable » avait suscité beaucoup de curiosité mêlée de joie. Hier, objet de prestige et de convoitise, le portable est devenu, au fil du temps, un bien de consommation banal. Disponible, selon la bourse, le portable est certes une bonne chose, rendant de nombreux services à ses usagers avec des fortunes diverses, cependant. Autant il a facilité les contacts avec autrui, autant il est source d’embrouilles au sein des communautés et parfois dans des foyers. Beaucoup de couples se sont disloqués à cause d’un message soupçonneux ou une image compromettante reçue au moyen de cet engin.

En vogue au début de l’an 2000, le téléphone portable a relégué le téléphone fixe au rang des antiquités avant de s’imposer sur la scène comme véritable vecteur d’innovation technologique.

 Au Congo, l’inclination pour ce téléphone est peut-être liée aux événements troubles de l’année 1997, qui avaient détruit toutes les installations des centrales téléphoniques d’une partie du pays.

Au-delà de sa fonction initiale, celle d’assurer la communication vocale et écrite par l’envoi de laconiques messages appelés sms, le téléphone portable a la capacité de tout faire ou presque. Il a contribué à créer de nouvelles normes et de nouveau mode de vie. Aujourd’hui, la photographie, la vidéo ou le reportage journalistique peuvent se faire par le biais d’un téléphone portable, surtout pour les plus performants, les Smartphones.

Mais la technologie a continué à évoluer inexorablement. De simples appels, aux envois des sms, le portable est devenu un canal pour effectuer des transferts d’argent, créant au passage, quelques emplois indirects. Autant dire qu’un pan du domaine banquier a migré vers la téléphonie mobile. Seulement voilà, si certains Congolais en font un instrument de travail pour subvenir à leurs besoins quotidiens, d’autres par contre exploitent les avancées technologiques qu’offrent les sociétés de téléphonie mobile pour abuser des honnêtes gens. Organisés en une pègre libertaire, les voyous extorquent, à longueur de journée, les concitoyens.

Le mode opératoire de ces arnaqueurs est assez simple. Ils se pointent aux endroits où sont érigés des kiosques agrées de « Mobile Money » ou « Airtel Money ». Face au client, ils entament le transfert d’argent jusqu’à indiquer le nom du destinataire. Ce qui, évidemment, rassure celui-ci. Seulement, ils ne valident pas l’opération pour engager le transfert. Ensuite, ils quittent immédiatement les lieux pour éviter que le client ne revienne pour des réclamations gênantes. Ces escrocs se déplacent d’un point à un autre à la recherche des proies faciles. Ainsi, jouant sur la naïveté des usagers, ils s’enrichissent sans cause, car le dépouillement semble être consentant.

Le fait est que les compagnies de téléphonie mobile, du moins celles qui ont le monopole sur les transferts d’argent, font comme si cette arnaque ne les concerne en rien. Pourtant, les labels de leurs sociétés sont mêlés, indubitablement à tort, à cette escroquerie, à ciel ouvert. A terme, ces pratiques peu recommandables risquent d’écorner l’image de marque de ces compagnies. C’est pourquoi, afin d’éviter des situations éruptives, elles devraient mettre en place, sans tarder, avec le concours de la police ou de la gendarmerie des mécanismes dont l’objectif serait de repérer et réprimer des points non agréés et qui opèrent dans l’illégalité tout en jetant de l’opprobre sur leur identité. L’indifférence pourrait faire douter du sérieux des services de ces compagnies. Le discrédit serait de penser à une complaisance de leur part, si ce n’est de la complicité.

En attendant et en dépit de la pression du besoin, les Congolais qui veulent transférer de l’argent, par le biais de la téléphonie mobile, devraient faire davantage attention.

Valentin Oko

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Édition Quotidienne (DB)

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