Afrique: le « malaise » des Français issus de la diaspora

Jeudi 11 Février 2021 - 12:41

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Commandé par le Conseil présidentiel pour l'Afrique, un sondage éclaire sur le « malaise » des Français en provenance de la diaspora africaine.

Il s'agit d'un sondage d'OpinionWay commandé par le Conseil rpésidentiel pour l'Afrique. 73% des sondés assurent que l'égalité des chances n'est pas respectée en France. Ce sont là des ressentis des Français issus de la diaspora, pour un exercice inédit, selon le coordonnateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique (CPA), Wilfrid Laurianodo Rego. Le CPA est une émanation propre au président Emmanuel Macron, vers l'Afrique. Il vise à éclairer sa politique africaine et à accorder plus de places aux sociétés civiles.

Des 1000 Français issus de la diaspora africaine qui ont été interrogés, il se dégage que 73% d'entre eux assurent que « l'intégration des personnes d’origine étrangère dans la société française fonctionne mal » ; que l’égalité des chances n’est pas respectée pour « celles d’origine étrangère » ; et 62 % regrettent le mauvais fonctionnement de l’ascenseur social, en termes de « solutions » susceptibles de répondre à ces « points de blocage », 81 % désignent « l’éducation » comme « moyen le plus efficace pour intégrer les personnes d’origine étrangère ».

55% ont été entravés dans leur parcours scolaire ou leur vie professionnelle, en raison de leurs origines et presqu'autant satisfaits de leur position actuelle dans la société, « sans sentiment d'être perdus. Ils trouvent leur place, malgré les difficultés. Ils avancent et existent dans la société ».

En effet, ce sondage a le mérite de mettre en lumière un « malaise ». « Il est là, on ne l’a pas inventé », a déclaré Wilfrid Lauriano do Rego qui a saisi à quel point ce « malaise » était prégnant dans la société et dans la rencontre avec les entrepreneurs issus de la diaspora africaine à travers la France. « Avec ce sondage, le diagnostic est posé, mais je le vois aussi comme une invitation au vivre-ensemble et à l’action », a-t-il modéré.

De fait, l’enquête démontre aussi l’attachement de la diaspora africaine aux valeurs républicaines. 80 % assurent que cette diaspora est mal représentée dans l’espace public, parmi les élus ou dans les médias. Parmi les enjeux les plus importants en France, ils classent ainsi en tête la question des inégalités (49 %), devant l’éducation (41 %) et l’emploi (40 %). Concernant les relations entre ces Franco-africains et leurs pays d’origine, 54 % des sondés disent « ne pas appartenir à cette diaspora ». Ce sentiment est plus marqué chez les Français d’origine maghrébine (59 %) ; en revanche, il est moindre chez les Subsahariens d’origine (38 %).

Les trois quarts des sondés déclarent ne pas envoyer de l’argent au continent ( 81% d'Afrique du Nord et 57 % des Subsahariens). « On s’aperçoit que les liens avec le pays d’origine sont plus distendus que l’on imagine. La dimension communautaire est moins marquée, souligne Bruno Jeanbart , "L’origine à laquelle on tient n’est pas une notion qui supplante le fait d’être Français ». Une majorité des sondés (52 %) affirment que la politique de la France vis-à-vis de l’Afrique n’a pas d’impact sur leur vie. Sur le plan économique, 83 % pensent que l’Afrique est une chance pour la France et 71 % se disent prêts à s’engager dans un projet avec leur pays d’origine. Ils sont 53% qui pensent que les statistiques ethniques seraient « une bonne chose » en France.

Les résultats du sondage ont été présentés au président de la République, accompagnés d'une série de pistes d’actions pour surmonter les blocages relevés. Sept solutions tournées vers l’économie ont été poposées, le 5 février, à la ministre déléguée à l’égalité des chances, Elisabeth Moreno et au ministre délégué au commerce, Franck Riester, pour promouvoir un meilleur accompagnement, plus de formation, un accès facilité à des financements ou une mise en réseaux. En organisant la visibilité des entrepreneurs et en identifiant des personnalités phares, le coordonnateur du CPA souhaite « dire à la jeunesse que c’est possible », et accroître la mobilité entre la France et leurs pays d’origine.

Noël Ndong

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