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Incivisme, facteur du sous-développement

Lundi 15 Février 2021 - 16:45

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Les causeries des Congolais dans les bus, les bars, au travail, les veillées mortuaires ou même sur les lieux de cultes religieux tournent, la plupart de temps, autour de la problématique du développement du pays. Une bonne attitude, certainement, pour des gens qui ont à cœur les problèmes auquel est confronté leur pays.

Les propos qu’ils tiennent ont surtout tendance à comparer la situation congolaise à celle des pays occidentaux. Ailleurs, disent-ils, les pays sont mieux organisés et bien gérés par rapport au nôtre. Et c’est le maître mot.
Que les Congolais trouvent le temps de s’inquiéter du développement de leur pays est une chose encourageante en soi. Sauf qu’ils oublient, bien souvent, de comparer leurs comportements respectifs, en tant que citoyen congolais, à ceux des citoyens occidentaux, vis-à-vis de la chose publique. Et c’est là où se situe le problème.

En occident, le citoyen respecte et protège la chose publique, en la considérant comme son bien personnel. On y retrouve encore des infrastructures millénaires devenues aujourd’hui des sites touristiques et auxquelles s’ajoutent de nouvelles. En occident, nul ne peut oser détruire volontairement une bâtisse, même pas au nom d’une contradiction idéologique, ou à cause d’une déception électorale.

En fait, le bien public, donc le bien commun est sacré. Que voit-on ici ?
Au Congo, en effet, le constat est tel que bon nombre de concitoyens n’ont aucun respect des conventions et des lois qui régissent la collectivité dans laquelle ils vivent. Dans la quasi-totalité des secteurs, le phénomène est perceptible. Les actes d’incivisme au quotidien sont légion et le fait est devenu d’une banalité déconcertante.
Il nous arrive parfois d’admirer l’éclairage des villes d’autres pays. Mais au Congo, à tort ou à raison, les autorités gouvernementales ou municipales sont tenues pour seules responsables de l’obscurité des villes et localités. Les chauffeurs qui dérèglent le système d’éclairage public en cassant les lampadaires en longueur de journée sont, évidemment, innocents. Non, ils n’ont aucune responsabilité. Tout comme ceux qui ont eu la mauvaise idée de voler les batteries et les plaques solaires alimentant les lampadaires sur le trajet reliant Moukondo à Nkombo, à Brazzaville. Hier bien éclairée, cette voie baigne aujourd’hui dans une obscurité ambiante due à l’incivisme.
Pourtant les comparaisons de nos brillants causeurs occultent, volontairement, cet aspect de chose. Ils se limitent à constater la beauté des rues, des routes ou des bâtisses de tel ou tel autre pays, oubliant que celles de chez nous avaient été aussi construites et détruites par l’excès d’incivisme.
Le développement est en soi un processus cumulatif. A l’évidence, la reconstruction ou la réhabilitation, notamment des infrastructures détruites du fait de l’incivisme fait reculer. C’est plutôt l’addition et la bonne conservation des acquis qui permettent de mieux mesurer l’évolution d’un pays. C’est dire combien le civisme est contributif de la pérennité des acquis du développement.

Au lieu de comparer, soyons plutôt des citoyens civiques, respectueux du bien public, pour que les premiers pas de notre pays vers le développement soient perceptibles maintenant. Car, incivisme et développement ne riment pas.
Alors, ensemble, disons désormais dans nos diverses causeries que « incivisme et développement ne font pas bon ménage ».

Valentin Oko

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