Voir ou revoir : « Les temples maudits du Congo Brazzaville » de Massein Péthas

Vendredi 26 Février 2021 - 11:27

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Long-métrage documentaire de 52 minutes produit par Pedroscopa, « Les temples maudits du Congo Brazzaville » est une investigation plongeant le téléspectateur dans les galères, dénuements et précarités de la production de la musique urbaine, précisément du coupé-décalé, dans les grandes villes du pays.

Réalisé juste avant que le coupé-décalé se mette au ralenti après une belle épopée au début des années 2000, « Les temples maudits du Congo Brazzaville » passe en revue l’univers des studios de fortune, situés à mi-chemin entre le succès et l’indifférence du genre musical. De Brazzaville à Dolisie, en passant par Pointe-Noire, Massein Pethas a fait balader sa caméra pour toucher du doigt la réalité de ces studios, qui ont servi un bon moment de gloire aux artistes évoluant dans ce secteur de la musique urbaine.

De ce périple, il en ressort un constat plus ou moins angoissant. Dans ces home studios, on y découvre à peine un ordinateur à plusieurs fonctions, une console, des enceintes, des micros, etc. En effet, ces locaux servant à la production du coupé-décalé étaient quelquefois des containeurs aménagés, une vieille bâtisse équipée ou une petite maison érigée en périphérie. Ceci, dans le but de ne pas faire face aux responsabilités fiscales ou à la réglementation en matière d’activités culturelles et commerciales rentables.

En parallèle, le film « Les temples maudits » met en lumière le fait que si quelques tenanciers de ces espaces parviennent à se faire du bénéfice grâce aux prestations des artistes du coupé-décalé, ces artistes eux-mêmes n’ont pas su faire assoir une bonne politique pour exceller dans leur art. A peine des play back dans les boîtes de nuit ou lors des occasions spéciales permettent à ces fameux DJ de vivre de leur musique. A cela s’ajoute la variante des dédicaces qui leur offre un beau gain. Toutefois, cela ne suffit pas pour leur offrir une vie de rêve car bon nombre croupissent dans la misère.

Ce documentaire fustige aussi la pauvreté des textes souvent éhontés et dépravants des coupé-décalé. Contrairement sous d’autres cieux où le genre à évoluer, au Congo le coupé-décalé reste à structurer.

Journaliste à la radio Mucodec de Pointe-Noire, Massein Péthas a longtemps eu un penchant pour le cinéma, particulièrement pour le film documentaire, un genre qu’il affectionne et à travers lequel il a déjà réalisé plusieurs films. La plupart de ses œuvres rendent hommage aux réalités du pays et aux efforts acharnés de certains Congolais dont le parcours est une grande source d’inspiration.

Brillant dans le film documentaire, il a reçu en avril 2016 le prix du meilleur film documentaire avec « Les temples maudits » lors du festival du film congolais Ya Beto. Massein Pethas est, par ailleurs, l’initiateur de la « Caravane du cinéma congolais » qui consiste à faire revivre le cinéma itinérant en sillonnant les routes de différentes localités du pays.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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