Opinion

  • Tribune libre

La politique touristique du Congo face à la crise

Lundi 5 Avril 2021 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Le projet de société « Ensemble, poursuivons la marche » de Denis Sassou N’Guesso emprunte, dès l’abord, le ton de la résilience. Il s’est agi, plus exactement, pour Denis Sassou N’Guesso de rappeler le contexte difficile dans lequel a été lancé « La marche vers le développement ».

Les Congolais se souviendront que la crise socioéconomique et sécuritaire qu’a connue le pays, au lendemain de l’élection présidentielle de 2016, ainsi que l’apparition de la pandémie de Covid-19, ont dégradé la situation sociale de la population et affaibli de nombreux secteurs d’activités.

Le tourisme, inscrit dans le « Plan national de développement 2018-2022 » comme un des axes prioritaires de la diversification de l’économie, a également été frappé de plein fouet.

À cet effet, Arlette Soudan-Nonault, ministre du Tourisme et de l’Environnement, a organisé, en 2017, les Assises nationales du tourisme, en vue de l’adoption de la loi sur la politique touristique du Congo. De plus, elle a encouragé, en mai 2020, l’élaboration d’un livre blanc par le Réseau des experts du tourisme en Afrique centrale. Ce, dans le but de faire un état des lieux du tourisme dans les pays d’Afrique centrale, analyser l’impact de Covid-19 sur le secteur touristique et proposer des mesures de relance.

Le Réseau des experts du tourisme en Afrique centrale a suggéré, entre autres, aux pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) d’envisager un programme d’investissement dans les domaines qui profiteraient aussi au secteur touristique.

Il s’agit de l’aménagement des voies de communications, pour une meilleure accessibilité des sites touristiques, et principalement les aires protégées, souvent situées dans des zones marginales. Le développement urbain et l’assainissement des villes, en vue d’améliorer l’attractivité des villes d’Afrique centrale. L’amélioration des services sanitaires. Le renforcement des capacités en énergie électrique. L’interconnexion à la fibre optique, pour faciliter la promotion commerciale des pays d’Afrique centrale et la possibilité, pour les jeunes, d’entreprendre dans l’e-tourisme. La préservation et la valorisation des aires protégées. L’encouragement à investir massivement dans le secteur du tourisme, afin de diversifier des économies encore sous l’emprise de rentes constituées de ressources naturelles.

Au regard de ces perspectives, il convient de souligner l’adéquation entre les mesures proposées par le Réseau des experts du tourisme en Afrique centrale et la démarche politique de Denis Sassou N’Guesso. Si la diversification de l’économie s’est imposée comme un leitmotiv au cours de son précédent mandat, son projet de société « Ensemble, poursuivons la marche » prévoit un renforcement de la décentralisation, à travers le développement et l’aménagement du territoire, l’urbanisme et l’habitat, la santé de base, la réduction des risques et la gestion des catastrophes, le tourisme et les loisirs, le sport et l’action culturelle, ainsi que l’entretien routier.

Le deuxième axe dudit projet de société, intitulé « La relance de l’économie et la création des emplois », comporte des réformes liées, entre autres, à la modification de la structure de l’économie pour plus d’emplois. À ce niveau, la diversification de l’économie passe par le développement des activités des secteurs primaires, secondaires et tertiaires, au nombre desquelles le tourisme et les loisirs.

Par ailleurs, Denis Sassou N’Guesso préconise un développement du tourisme fondé sur le potentiel existant du Congo, en privilégiant l’écotourisme. Conformément à la stratégie nationale de développement du tourisme, il envisage une division du territoire national en trois zones de développement touristique, à savoir « Brazzaville et ses environs », « L’axe sud » et « L’axe nord ».

S’agissant de « Brazzaville et ses environs », il est ici question de la mise en valeur des cataractes de Brazzaville, des chutes de la Loufoulakari, du fleuve Congo et de ses affluents, de l’île Faignond, de l’île Mbamou, du Palais royal de Mbé, de la réserve naturelle de Lesio-Louna, de l’Ecole de peinture de Poto-Poto, de la Basilique Sainte-Anne, de la cathédrale Sacré-cœur, du marché des artisans du haut plateau, du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, des différents festivals, dont le Fespam et les Feux de Brazza.

« L’axe sud » mettra en relief les atouts qu’offrent Pointe-Noire et le département du Kouilou, à savoir le littoral et ses plages, les gorges de Diosso, le fleuve Bas-Kouilou, le parc national Conkouati-Douli, la réserve de biosphère de Dimonika, la réserve naturelle de Tchimpounga, ainsi que les sites d’attraction culturelle que sont le Musée Ma Loango à Diosso, le port de Loango, la gare de Pointe-Noire et les festivals locaux.

Dans « L’axe nord », tout s’articulera autour de deux pôles, dotés chacun d’un aéroport international : Ollombo-Oyo et Ouesso, avec pour principaux sites naturels : les parcs nationaux d’Odzala-Kokoua et Nouabalé-Ndoki, les rivières Alima, Sangha et leurs affluents, la forêt équatoriale dans la Cuvette et dans la Sangha, la zone des confluences des cours d’eau à Mossaka, le parc de Ntokou-Pikounda, la réserve naturelle du Lac Télé et l’ensemble des cours d’eau navigables.

Qui plus est, l’Etat veillera à la formation des personnes aux différents métiers du tourisme, dans des écoles spécialisées, en formation continue ou par apprentissage sur le terrain. Pour les infrastructures devant servir de support (voies de communications, aéroportuaires et fluviales, sites d’hébergement, commerces…), l’Etat s’engagera et encouragera les investisseurs privés. Enfin, l’Etat mettra en place, tant au niveau national qu’international, une politique publicitaire, qui mettra, à la portée de tous, les atouts touristiques du Congo.

Cette politique touristique démontre le pragmatisme politique de Denis Sassou N’Guesso, en dépit des difficultés liées à la crise que le Congo traverse.

 

 

 

Lydie Pongault

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Tribune libre : les derniers articles