Mines : aucune tonne de cobalt artisanal ne quittera la RDC sans passer par l’EGC

Mercredi 5 Mai 2021 - 20:13

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Il ne reste plus que cinq mois aux creuseurs artisanaux de l’ex-Katanga pour se conformer à la loi qui consacre désormais le monopole d’achat du minerai stratégique à l’Entreprise générale du cobalt (EGC). Cette entreprise publique créée en novembre 2019 permettra à l’État rd-congolais d’assurer une meilleure traçabilité de près de 20 % de la production globale du cobalt dans le pays.

Le nombre exact de creuseurs artisanaux dans les mines de cobalt du Haut-Katanga et du Lualaba reste un grand mystère tant le phénomène a pris une grande importance au fil des années, impliquant des femmes et des enfants sous le regard indigné des ONG internationale de défense des droits de l’homme. Au moins deux millions de Congolais ont pris le contrôle de 20 % de la production globale de cobalt de la RDC. Jusque-là, ils contactaient directement « le plus offrant » pour écouler le cobalt. D’ici à cinq mois, ils sont sommés de se conformer à la loi qui permet à l’EGC de reprendre le monopole d’achat du cobalt artisanal.

Cette démarche, salvatrice pour les uns et suicidaire pour les autres, est loin de susciter la totale adhésion de toutes les coopératives minières artisanales. Motivée par le souci de sécuriser l’exploitation artisanale du cobalt, la mesure gouvernementale laisse effectivement plusieurs questions en suspens. Il y a d’abord le risque que l’État cherche à s’imposer sur le marché, en affichant unilatéralement les prix en lieu et place de faire jouer la loi de l’offre et de la demande. Dans ce cas précis, lancent quelques coopératives, il faut craindre réellement un étouffement des exploitants artisanaux. Une telle situation devrait conduire à coups sûrs à la résurgence des conflits entre les creuseurs artisanaux et l’État RD-congolais à travers son entreprise, l’EGC.

Malgré tout, la décision d’assainir reste un préalable pour une meilleure contribution des exploitants artisanaux aux recettes publiques. En tout cas, c’est le prix à payer pour assurer une certaine traçabilité du cobalt. L’EGC qui dispose déjà d’une stratégie espère mobiliser environ 7,5 millions de dollars américains par semaine pour l’achat du cobalt. A la  fin, il est bien question de faire passer tous les sites artisanaux sous son contrôle.

Enfin, beaucoup de coopératives minières espèrent une explication plus claire des autorités compétentes sur le sort les exploitants artisanaux dans des sites illégaux qui ne pourraient pas vendre le cobalt produit artisanalement à l’EGC.  L’autre préoccupation est de voir l’État RD-congolais, visiblement en position de force du fait de moult dénonciations d’ONG extérieures, se contenter de récolter la production sans accompagner véritablement les exploitants artisanaux. Le secteur a besoin de financements frais pour améliorer la capacité de production. De même, rien n’indique que l’État RD-congolais, qui n’a jamais rendu opérationnel une structure aussi importante que l’Autorité de régulation des marchés de minerai, puisse mener à terme ces changements annoncés. De son côté, l’EGC rassure l’opinion publique sur sa capacité à se déployer rapidement sur l’étendue du territoire national et à acheter tout le cobalt disponible dans les sites exploités par des artisanaux. Une affaire à suivre.     

Laurent Essolomwa

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