Etats-Unis : le chef du Pentagone présente la « nouvelle vision » de la défense américaine

Le discours de Lloyd Austin reflète la promesse du président américain, Joe Biden, de donner la priorité à la diplomatie dans le traitement des problèmes de politique étrangère. Pour le secrétaire américain à la défense, l'armée devrait fournir un levier que les diplomates peuvent utiliser pour prévenir les conflits. Un contraste avec ce que les critiques appellent la militarisation de la politique étrangère américaine au cours des dernières décennies. « L’armée américaine n’est pas destinée à se démarquer, mais à renforcer la diplomatie et à faire progresser une politique étrangère qui utilise tous nos instruments de puissance nationale », a-t-il indiqué. Mais Lloyd Austin pense que la modernisation rapide de la Chine et son affirmation croissante en font un puissant adversaire - sans mentionner explicitement la Chine ou la Corée du Nord ou encore la Russie.

Les États-Unis doivent se préparer à un potentiel futur conflit qui ne ressemblera guère aux « vieilles guerres », qui ont longtemps accaparé le Pentagone, a-t-il déclaré, en exploitant les progrès technologiques et en améliorant les opérations militaires coordonnées à l'échelle mondiale pour « comprendre plus vite, décider plus vite et agir plus vite ». Les observations du secrétaire américain à la défense interviennent alors que les États-Unis entament leur retrait d'Afghanistan sur ordre du président Joe Biden, dans le but de mettre fin à la plus longue guerre des États-Unis et de redéfinir les priorités du Pentagone. Pour Lloyd Austin, l'armée américaine ne peut se contenter de croire qu'elle est l'armée la plus forte et la plus capable du monde aujourd'hui - « pas à un moment où nos adversaires potentiels sont en train de travailler délibérément pour émousser notre avantage » - référence à la Chine, qui a accéléré sa modernisation militaire et la construction d'une large gamme d'armes sophistiquées tandis que les États-Unis se sont concentrés pendant deux décennies sur la lutte contre les groupes extrémistes  (Al-Qaida en Afghanistan et le groupe État islamique en Irak et en Syrie).

« La façon dont nous combattrons à la prochaine grande guerre sera très différente de la façon dont nous avons combattu les dernières », a déclaré Lloyd Austin. « Nous devons tous nous diriger vers une nouvelle vision de ce que signifie défendre notre nation », a-t-il ajouté. La nouvelle vision de la défense des Etats-Unis tire davantage parti des nouvelles technologies, y compris l'informatique quantique, l'intelligence artificielle et l'informatique de pointe, décrites comme un cadre qui permet de traiter les données pendant leur collecte, de les absorber et de les partager instantanément. Mais la défense américaine continuerait de reposer sur le maintien de la dissuasion, comme « la fixation d'une vérité fondamentale dans l'esprit de nos ennemis potentiels : les coûts et les risques de l'agression ne sont pas conformes à tout avantage imaginable », a souligné le chef du Pentagone. Pour conserver cet effet dissuasif, l'armée américaine doit utiliser les capacités existantes, en développer de nouvelles et les utiliser toutes de manière nouvelle et en réseau - « main dans la main avec nos alliés et partenaires». 

Cela devrait être accompli conformément aux objectifs et aux efforts diplomatiques des États-Unis, a-t-il ajouté, afin d'éviter que le conflit n'éclate en premier lieu. « Il est toujours plus facile d’éteindre une petite braise que d’éteindre un feu qui fait rage », a rappelé le chef du Pentagone.