Interview. Christophe Condello : « La poésie est un art qui fait de nous des personnes meilleures, des êtres proches de la lumière »

Vendredi 21 Mai 2021 - 14:02

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Christophe Condello est poète, haïkiste et parolier, franco-camerounais, né à Grenoble et vivant désormais à Laval au Québec. Membre des poètes du monde avec Gabriel Mwènè Okoundji. Dans cet entretien, il nous parle de ses œuvres et de sa passion poétique.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Christophe Condello, pourquoi avoir choisi la poésie comme mode d’expression ?

Christophe Condello (C.C.) : Grâce à l’Union des écrivains du Québec (UNEQ), j’ai été parrainé par Normand de Bellefeuille au tout début de mon processus d’écriture. Il a été un modèle et une inspiration constante pour moi.  J'en suis venu à la poésie à l'âge où l'enfant devient homme. À cet instant de vie troublée, je l'ai reconnue comme absolue nécessité. Sa force libératrice m'a alors habité pour ne plus jamais me quitter.

A la fois littérature la plus ancienne qui nous soit parvenue (sans doute est-elle au départ le moyen mnémotechnique de fixer l'oralité dans la mémoire, grâce au rythme et à la rime) mais aussi expression de demain, elle colle parfaitement à la représentation photographique de notre société actuelle (brève, frappante, brillante, inspirante, relaxante…). Elle travaille la lumière pour éclairer notre conscience.

L.D.B.C. : Combien d’ouvrages avez-vous déjà publiés et de quoi parlent-ils ? 

C.C. : J'ai publié 4 recueils de poésie, Les jours Fragiles au Noroît, L'ailleurs éparpillé au Loup de Gouttière, La seconde résurrection aux éditions du Cygne et enfin Le jour qui s'attarde chez Éclats d'Encre. Dans La seconde résurrection, une voix se lève en quête de l'origine. Les mots jettent un œil au-delà de la cendre. Le poème se fait étincelle, complice d'une aube fragile qui rejaillit, comme pour la toute première fois. Une poésie empreinte de luminosité.

Pour ce qui est de Le jour qui s'attarde, il s'agit de poèmes hommages à deux géantes de notre époque, Anise Koltz et Dorotea Montoya Sanchez. Deux femmes, Deux voix. Mais une même voix qui éclaire l'obscurité. Et un gigantesque coup de cœur. Entre rêve et brume, le recueil oscille entre désir et éblouissement du regard. Enfin en ce qui concerne Les jours fragiles et L'ailleurs éparpillé, la poésie relate joies et peines d'une histoire d'amour, la dualité de l'âme humaine et se transpose aussi dans l'urgence et la perte.

 J’ai aussi collaboré par la suite avec Chantal Bergeron pour la publication du recueil de poésie Une main contre l'aube aux éditions du Passage et L’ailleurs éparpillé aux éditions du Loup de Gouttière. Et, je suis actuellement en préparation de mon prochain recueil Rien de plus qu'un écho, puisque notre époque n'a jamais eu autant besoin de beauté.

L.D.B.C. : Un dernier mot ? 

C.C. : La poésie s'inscrit aussi dans la collectivité.  Les sociétés actuelles donnent l’impression de n’être qu’une juxtaposition d’individualités solitaires, qui ne se rencontrent qu’assez peu. Pourtant, une société, c’est avant tout un ensemble de personnes qui vivent ensemble, un peu comme une immense famille. La poésie contribue à créer du lien. Pendant des décennies, elle a tenu ce rôle essentiel : les aèdes, les griots avaient pour fonction de transmettre les grands mythes collectifs, les traditions, de porter la mémoire du groupe. Cette fonction se doit de perdurer aujourd’hui. Chaque poème diffuse une clarté qui va de l’étincelle à l’incendie. Elle susurre, elle suggère, elle multiplie les sens, elle témoigne et nous révèle individuellement et collectivement. Elle est cet instantané extrait de notre éternité.

N’hésitons donc plus à parler des poètes, à faire vivre la poésie, à transmettre et à partager cet art qui fait de nous des personnes meilleures, des êtres proches de la lumière. J’en profite pour saluer tous les Congolais, si chaleureux. Je vous remercie très sincèrement et nous souhaite à tous le meilleur et une voix éclairée, car comme l'a dit Gabriel Mwèné Okoundji, « Parcours/ Tu n'as qu'une histoire/ Ton histoire est incommensurable ».

Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Christophe Condello

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