Paris : un sommet pour financer le développement de l’Afrique

Lundi 17 Mai 2021 - 18:30

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Le président français Emmanuel Macron réunit ce mardi une trentaine de dirigeants africains et européens, ainsi que des institutions multilatérales, pour tenter de trouver des solutions inédites à la crise de financement d'une Afrique qui aspire à maîtriser son développement et à s'extraire du piège de la dette.

L'idée de ce Sommet sur le financement des économies africaines a germé à l'automne, quand le Fonds monétaire international a calculé que l'Afrique risquait de se heurter à un déficit de financement ("financial gap") de 290 milliards de dollars d'ici 2023.

Le moratoire sur le service de la dette publique mis en place dès avril 2020 à l'initiative du Club de Paris et du G20 a certes permis de donner un peu d'air, en suspendant le paiement de 5,7 milliards d'euros d'intérêt au bénéfice d'une cinquantaine de pays. Et le G20 a réussi à convaincre la Chine, de loin le plus gros créancier bilatéral du continent, et les créanciers privés, de prendre part aux futures renégociations de dette. Mais cela ne suffira pas. "Nous ne pouvons pas faire avec les recettes d'hier" alors que "nous sommes collectivement en train d'abandonner l'Afrique à des solutions qui datent des années 60", avait estimé Emmanuel Macron fin avril, appelant à un "New Deal du financement de l'Afrique". 

Et le chef d'Etat français avait mis en garde contre le risque d'un effet boomerang, entre "réduction des opportunités économiques", "migration subie" et "expansion du terrorisme". 

Sans parler de la pandémie de Covid-19. Le continent ne déplore que 130.000 morts mais "seule une victoire totale, incluant pleinement l'Afrique, pourra venir à bout de cette pandémie", ont mis en garde 18 dirigeants africains et européens dans une tribune publiée dans Jeune Afrique mi-avril. Réclamant un "moratoire immédiat sur le service de toutes les dettes extérieures (...) jusqu'à la fin de la pandémie" et une sanctuarisation de l'aide au développement, ils ont également exhorté le FMI à attribuer des droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains pour leur fournir "les liquidités indispensables à l'achat de produits de base et de matériel médical essentiel". 

Si le principe d'une émission de DTS de 650 milliards de dollars, dont 34 seront alloués à l'Afrique, est acquis, son montant est jugé insuffisant, estime la présidence française, qui suggère une vente de l'or du FMI pour alimenter des prêts à taux zéro aux pays africains.

Les conditions posées par le FMI en échange de son soutien continuent aussi de faire débat. 

Lundi, le président de Côte d'Ivoire Alassane Ouattara a appelé l’institution à autoriser les pays africains à laisser un peu plus filer leur déficit budgétaire. Ils pourraient "mieux affronter la pandémie" et "financer les dépenses urgentes de lutte contre le terrorisme", a-t-il fait valoir. De son côté, Oxfam réclame que le FMI et la Banque mondiale renoncent aux "conditionnalités fiscales injustes ou régressives dans le cadre de leurs prêts et programmes".

Mais l'investissement privé devra aussi être mobilisé pour financer le développement d'un continent qui aspire à sortir de la logique de l'assistance.

"Le développement moderne passe par un dialogue exigeant avec les investisseurs privés", notamment pour financer des infrastructures, et pas seulement par les dons, a expliqué Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

 

Le sommet a été précédé lundi d'une conférence de soutien à la transition au Soudan. Le Premier ministre Abdallah Hamdok avait indiqué dans un récent entretien vouloir discuter à cette occasion d'une remise de dette avec le Club de Paris, le plus important créancier du pays avec environ 38% de ses 60 milliards de dollars de dette extérieure.

Dans la matinée du 18 mai, Emmanuel Macron s’entretiendra en réunion bilatérale avec João Lourenço, Filipe Nyusi et Cyril Ramaphosa. Avec ce dernier, le chef de l’Etat français devrait notamment peaufiner sa prochaine visite en Afrique du Sud qui pourrait avoir lieu fin mai, dans la continuité de son déplacement attendu au Rwanda. L’entretien avec Filipe Nyusi portera sur l’insurrection jihadiste dans le nord du Mozambique.

Julia Ndeko avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Le président Denis Sassou N'Guesso à l'Elysée, lundi 17 mai, aux côtés de la première dame Brigitte Macron et du président français, Emmanuel Macron (Roland Mbongo/presse présidentielle)

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