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Des occasions à saisir

Lundi 24 Mai 2021 - 15:56

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Rebondir ! C’est ainsi que l’on imagine la place des grandes puissances : elles ont la capacité de se faire admirer à des moments parfois où l’on s’attend le moins. Parce qu’elles savent saisir la moindre occasion qui se présente à elles pour prendre les devants, et même de l’avance sur les événements. La conférence réunie à Paris, en France, autour de plusieurs dirigeants du monde, dont de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement africains, le 18 mai, a été aussi, cela va sans dire, un dispositif d’attraction pour l’Hexagone.

Le fait de parler « financement des économies africaines post-covid-19 » dans un moment particulier de la marche du monde, rappelle une fois de plus que les organisateurs de ces assises ont communiqué de la façon la plus remarquable. Alors, en effet, que s’amorce délicatement la décrue de la pandémie, notamment en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique, que l’autre puissance mondiale qu’est la Chine, frappée la première par le coronavirus, a su maintenir de grands équilibres, les retrouvailles de Paris étaient pour les participants l’occasion de se regarder en face et faire le point de leurs amitiés jamais débarrassées de malentendus.

Les autorités françaises sont, comme on a pu le voir, les premières à admettre que laisser l’Afrique à la traîne de la reprise économique après tant de préjudices induits par la Covid-19 fragiliserait encore très lourdement le continent. C’est donc un succès pour Paris que d’avoir obtenu une réunion en présentiel avec autant de dirigeants et de décideurs pour évoquer un sujet somme toute crucial.

Les grands-messes du genre de celle dont nous parlons ont souvent le mérite d’aborder les vraies questions. Le doute réside cependant de ce qu’elles peuvent aussi se réduire à l’usage de concepts plus ou moins prodigieux, tel que celui des DTS, les fameux droits de tirage spéciaux, a été remis au goût du jour. Au fond, on scrute presque toujours l’éternelle répartition des rôles entre les plus riches à qui revient la primauté de définir les modalités d’attribution de la cagnotte, et les plus pauvres, continûment demandeurs qui sont priés d’avaliser l’ordre établi.

Ainsi que l’ont exposé les experts et d’autres intervenants au sommet de Paris, en dépit de l’espoir suscité par la mise en œuvre prochaine des DTS, aucune réponse viable n’est envisagée sur ce qu’il en sera des dettes sous l’empire desquelles croulent les économies africaines. Certaines annulations préconisées au profit de certains pays du continent pour en récompenser les aboutissements démocratiques, le cas du Soudan, aideront-elles à sortir du cycle vicieux de l’emprunt ? Devant un mécanisme de désendettement inextricable depuis les indépendances africaines, le salut pour tous, donateurs comme bénéficiaires, ne résiderait-t-il pas dans le rééquilibrage des relations internationales à travers une révision profonde des termes de l’échange ?

Au demeurant, à tour de rôle, chacune des puissances économiques mondiales les plus en vue a eu l’occasion d’accueillir l’Afrique chez elle ou sur son sol pour débattre de son développement. Cela est résumé par la multiplication de sommets déclinés sous différents labels : Chine-Afrique, Inde-Afrique, Russie-Afrique, Japon-Afrique, Turquie-Afrique, États-Unis/Afrique, Allemagne-Afrique, France-Afrique, Europe-Afrique. Avec toujours beaucoup de perspectives salutaires, mais aussi beaucoup d’engagements non tenus.

A défaut de constituer à ce jour une entité unitaire capable d’obtenir de ses puissants partenaires ce qu’elle veut, l’Afrique peut constater qu’elle ne s’est pas encore résolue à trouver sa propre voie. Celle qui lui apprendra à bâtir son avenir de ses propres mains en s’appuyant sur le génie de ses propres enfants. Elle ne fermera pas la porte au reste du monde, mais devra négocier pied à pied sa place dans le concert des cinq continents. Il suffit à ses dirigeants de le vouloir, ils seront servis par une adhésion sans faille des populations africaines, car elles ne sont pas faites que pour simplement endurer les sacrifices.

Gankama N'Siah

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