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Dans la jungle des stations-service

Lundi 6 Septembre 2021 - 19:55

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Les stations-service ont offert, pendant quelques jours, un spectacle de désolation, sans raison apparente, lié à la pénurie du carburant. Cette situation, qui a concerné la plupart des villes congolaises et particulièrement Brazzaville, avait donné lieu aux passe-droits qui ont affecté les automobilistes et les transporteurs en commun.

Disons sans détour que la rareté du carburant avait arrangé les « affaires » des vendeurs à la pompe. Ces nouveaux seigneurs se sont frotté les mains durant toute la période de pénurie. C’est du moins ce qui avait été observé à Brazzaville. Ils ont jubilé non seulement du fait que leurs entreprises feraient de bons chiffres d'affaires en cette période, mais plutôt parce qu'ils se faisaient eux-mêmes des poches, au détriment des usagers.

Certes, il y a des stations-service qui, en de pareils moments, servent, en priorité, leurs abonnés. Mais, il y en a d’autres où les vendeurs à la pompe se font rois et favorisent ou renforcent la pénurie par des manœuvres écœurantes. Au lieu de rationner le produit pour espérer satisfaire beaucoup plus de clients, ces « pompistes » refusent volontiers de servir les automobilistes, préférant des clients porteurs de récipients, des bidons en l'occurrence. Ces bidons prioritaires appartiennent bien souvent aux vendeurs ambulants de carburant que l’on désigne par « Kadhafi ».

Dans cet exercice, plus les bidons affluent, plus les vendeurs à la pompe sont heureux. N’en déplaise aux automobilistes qui attendent désespérément dans des files interminables. Dans ces conditions, un bidon d'essence de 25 litres coûtant habituellement 15 000 francs à la pompe peut être majoré, selon l'humeur du vendeur. La majoration oscille entre 1500 et 2 000 francs le litre, voire plus, surtout quand il y a affluence. Avec de telles pratiques, il n’est pas loin de penser que les vendeurs de carburant à la pompe amassent très probablement de fortes sommes d’argent, quotidiennement, pendant toute la durée de la pénurie. Sans conteste, leur insouciance professionnelle n’a d’égale que la souffrance des automobilistes à bout et dépités.

Ceux des automobilistes qui constatent ce scandale et cette injustice criante peuvent se laisser aller aux lamentations ou aux vociférations. S’ils ont un peu de chance, le « pompiste » peut accepter de servir deux ou trois voitures, avant de retrouver son « business » avec les « Kadhafi ». Dans le cas contraire, la vente du produit est arrêtée sous l’œil indifférent du chef de vente. Les deux agents sont-ils complices ? Cependant, ces éphémères seigneurs de la pénurie ne donnent aucune explication et ne s’excusent pas auprès des nombreux clients qui, pour certains, auraient passé plusieurs heures de vaine attente. Dans l’ensemble, les stations-service de Brazzaville sont truffées de ce genre de vendeurs pour qui la fluidité du carburant est une mauvaise nouvelle pour eux. Du moment où l’appât du gain commence à supplanter la conscience professionnelle des citoyens, on ne peut qu’assister à une jungle totale. Ceux qui ont en charge le contrôle de la « qualité du service public » ont encore beaucoup de grains à moudre.

Valentin Oko

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Édition Quotidienne (DB)

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