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La rumba congolaise au patrimoine culturel de l’humanité ?

Lundi 13 Septembre 2021 - 19:52

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Plus que quelques mois pour que la rumba congolaise soit estampillée par l’Unesco, patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La candidature conjointe de la République du Congo et la République démocratique du Congo en vue de son inscription sera examinée en décembre 2021, lors de la conférence intergouvernementale de Colombo, au Sri Lanka. Les comités scientifiques des deux pays travaillent depuis plusieurs années pour l’aboutissement du dossier. Ils poursuivent ce travail avec les campagnes d’information et de sensibilisation aussi bien du public que des institutions nationales et internationales.

Assurément, le dossier des deux Congo retiendrait l’attention des examinateurs de l’organisme onusien. Il ne serait donc pas étonnant qu’au terme de la conférence intergouvernementale de Colombo, la rumba congolaise soit consacrée patrimoine culturel de l’humanité. À la vérité, cette consécration ne le sera nullement par pur réflexe de conformisme et encore moins, par un acte de générosité à son égard. Il s’agirait logiquement de la reconnaissance de l’apport inconditionnel des deux pays à l’évolution historique de cette musique et à son épanouissement à travers le monde.

En effet, en remontant l’histoire des origines de la rumba, il est de plus en plus établi que pendant la traite négrière, plusieurs millions d’Africains, arrivés sur les rivages des Amériques, avaient gardé par devers eux une bonne partie de leur patrimoine culturel, notamment les pratiques religieuses mais également musicales. Ces pratiques ont continué à rythmer l’existence quotidienne de ces déportés outre atlantique. Parmi les rythmes, il y avait la "Nkumba", une danse de nombril pratiquée naguère dans le royaume Kongo.

Des musicologues ou autres historiens, nous apprenons que la rumba a longtemps pérégriné à travers les continents. En effet, après son arrivée à Cuba, au XVe siècle, par le canal susmentionné, la danse "Nkumba", selon l’alphabet phonétique espagnol, va s’appeler désormais « Rumba ». De son évolution à Cuba, elle va connaître, à partir de 1930, un rayonnement international en Amérique comme en Europe. Les deux Congo, par le truchement de l’Europe, vont se l’approprier vers les années 1932, pour un retour aux sources. Depuis plus de quatre générations, la rumba congolaise s’est installée définitivement. Les artistes qui ont porté à bout de bras la rumba congolaise à ses débuts sont incontestablement Paul Kamba, Wendo Kolosoy, Adou Elenga, Jean-Serge Essous, Lucie Eyenga, Joseph Kabasele et beaucoup d’autres encore.

Peu codifiée et moins contraignante que la plupart des danses africaines, la rumba congolaise séduit par son accessibilité et la qualité de sa musique, chantée la plupart de temps en lingala, langue commune aux deux pays. Une fois protégée par l’Unesco comme « tradition congolaise », la rumba, telle que chantée et dansée aujourd’hui, pourrait susciter encore beaucoup plus de passion. Ainsi, ceux qui s'y intéressent pourraient envisager le déplacement vers les deux Congo et s’initier aux rythmes de la rumba. Une fois commencés, ils seront contaminés, certainement, par son virus auquel ils auraient du mal à se débarrasser. Heureusement ! Celui-là envoûte mais ne tue personne et n’a aucun variant.

Valentin Oko

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