Rue Mbakas : rendez-vous des cultures à Brazzaville…

Jeudi 16 Septembre 2021 - 20:15

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Dans la liste des lieux qui donnent à la capitale congolaise toute sa chaleur et son exotisme, la rue Mbakas figure dans le carré de tête. Artère qui fait l’une des ceintures les plus importantes du marché Poto-Poto, elle  est une explosion sensorielle qui ne faiblit point, quelles que soient les saisons et périodes de l’année.

Le rendez-vous des grandes dames et des grands messieurs de Brazzaville se donne, entre autres, dans la rue Mbakas et les artères qui lui sont proches. En termes d’offres commerciales, c’est la rue du tissu africain par excellence. Les grandes boutiques qui jalonnent cette rue sont toutes dédiées à ce commerce qui est l’un des plus importants de la ville.

Entre « Super Wax et Vlisco », en passant par le « Woodin », il n’y a pas un autre endroit où chercher à Brazzaville. Pas une autre référence. La rue Mbakas est "the place to go". Le pagne étant considéré comme un vêtement traditionnel au Congo, il est affecté à la plupart des cérémonies solennelles de la vie sociale et communautaire : mariage traditionnel, mise en terre, retrait de deuil, cérémonie associative, etc.

En effet, tous les organismes de la promotion de la femme (associations, mutuelles et autres groupes d’entraide et de solidarité à Brazzaville) ont fait du pagne une revendication d’identité, de féminité et des attributs maternels. Bien que cela suscite effusion d’encre et de salive de la part des féministes et des progressistes, il n’en est pas moins que pour les vendeurs de la rue Mbakas, ce commerce n’est nullement en voie de disparition. Il a, au contraire, encore de belles décennies devant lui.

A côté du commerce des pagnes au métrage, cohabite celui des robes, camisoles et boubous prêts à porter, cousus dans ces imprimés qui ont chacun un nom qu’ils doivent aux effets de mode et à la créativité des femmes qui les portent. On se souviendra ainsi des imprimés « Mon mari capable » ; « Six bougies » ou encore le plus récent « Ya' Mado », nom qui s’est imposé aux autres appellations de ce tissu, ample aux motifs et coloris évoquant l’héritage africain, grâce au succès de la chanson du même nom de l’artiste Congolais Fabregas, qui avait habillé les danseurs et figurants de son clip, relançant ainsi entre 2014 et 2016 la vente de ce tissu de manière exponentielle dans les deux Congo et dans le monde.

Au rang de la grande histoire de la rue Mbakas, on peut compter la présence de la célèbre enseigne « Bono Music – boutique de disques », un lieu de rendez-vous pour tous les mélomanes de la musique africaine qui attendent souvent avec impatience de se procurer les dernières sorties d’albums des grands artistes des deux Congo : Zaïko Langa-Langa, Tshala Mwana, Koffi Olomidé qui avait habitué ses fans à la sortie de ses albums quelques semaines avant les fêtes de fin d’année. Bien que cette époque musicale donne l’impression d’être révolue et regrettée par les anciens, les nouvelles générations comme Fally, Ferré Gola et autres entretiennent encore cette culture et ces habitudes entre leurs fans de premier choix et eux.

Dans ses lettres de noblesse, la rue Mbakas a le mérite non pas le moindre d’abriter le mythique « Espace Faignond » de réputation mondiale qui attire les touristes et locaux du monde de la nuit mais aussi du jour. Créé en 1948, il est le lieu de ralliement des anciens de Poto-Poto et du tout Brazzaville, mais aussi le lieu de réjouissances des amoureux de la rumba et des jeunes générations qui veulent le voir élevé au rang de patrimoine national.

Le quotidien de la rue Mbakas est fait de la vente de la viande de bœuf fraîche, de fruits et légumes, du commerce de pagnes hautement dominant et du va-et-vient tonitruant des taxis et voitures personnelles.  Bien que son activité de base soit rythmée de la vie sociale des Brazzavilloises, elle est prise d’assaut par des vendeurs saisonniers et envahie de monde lors des périodes de fêtes.

Visiter la rue Mbakas reste de l’ordre des incontournables à faire lors d’une visite à Brazzaville. Entre le wolof, le lingala, le français et parfois l’anglais comme langues d’échanges, la vente des « Ya Jean » pour régaler les petits et grands Congolais et étrangers, le brouhaha ambiant et le marchandage entre les femmes et les commerçants. L’expérience est multi sensorielle et mérite d’être vécue.

Princilia Pérès

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