Poésie : la journée internationale des consultations poétiques célébrée à Pointe-Noire

Mardi 21 Septembre 2021 - 12:15

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La célébration de l'événement dans la capitale économique de la République du Congo a été assurée par l’Espace culturel Yaro qui a organisé, le 19 septembre, des consultations poétiques à l’esplanade de l’hôpital général de Loandjili.

 Les consultations poétiques ont été réinventées par téléphone en mars 2020, à l’arrivée de la pandémie de covid-19, pour garder un  lien avec la population. Depuis, elles se sont développées dans vingt-trois langues en partenariat avec des structures culturelles de treize pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique.  Cent vingt artistes ont été mobilisés dans le monde pour célébrer l’événement.

Parmi les structures retenues en Afrique par le Théâtre de la ville de Paris pour cette célébration, figure l’espace culturel Yaro, structure qui œuvre pour l’encadrement et l’accompagnement des artistes ainsi que la promotion et la diffusion des spectacles. A l’esplanade de l’hôpital général de Loandjili, du côté de la Route nationale n°5, les consultations ont suscité l’étonnement et la curiosité. La présence des badauds était remarquable.

La tente servant de salle d’attente, les chaises et tables installées, les artistes médecins (comédiens pour la plupart), vêtus de blouses blanches, ont commencé à recevoir leurs patients tour à tour. Le but de ces consultations, a expliqué Pierre Claver Mabiala, était d'écouter les personnes (considérées comme  patientes ) pour savoir ce qu’elles avaient comme problèmes personnels, discuter avec elles et leur donner des remèdes à base de mots, capables de les guérir. Ces remèdes ont été des textes des poètes du pays et d’ailleurs, des poèmes en français mais aussi en lingala et kituba, des textes ayant une connotation thérapeutique.

L’activité qui semblait insignifiante au départ a très vite attiré le public et le lieu de réception s’est vite transformé en un véritable hôpital. Tamane Goma, Clovy Mbemba, Gisèle Tchicaya, Alexandra Guenin, Cédric Mouzembo, Pierre Claver Mabiala et Guy Narcisse Goma Makanga ont reçu des personnes de tout âge (hommes, femmes, adolescents, jeunes et vieux, célibataires, mariés et divorcés). Les consultations se sont avérées une véritable cure d’âme, un soulagement pour ces patients qui ont trouvé des personnes anonymes à qui se confier, avec qui discuter tout en garantissant le secret médical, comme à l’hôpital. Des personnes avec lesquelles ils ont commencé à tisser des liens, à partager des secrets.  Certains patients ont déversé leur colère, d’autres leurs soucis. Et les comédiens médecins ont su trouver les mots pour les soulager, leur proposer aussi des textes pour qu’ils continuent le traitement à la maison.

Agnouska, jeune mère de famille, s’est dite surprise qu’une telle activité soit organisée au Congo, surprise aussi de constater que la poésie et les mots pouvaient autant réconforter. «Ce que j’ai retenu du poème qui m’a été lu par rapport à mon problème, c’est que je dois garder le silence et l'espoir», a-t-elle confié, souriante. Son « poème traitement » à la main, Michèle Miambazila a aussi lancé : «Ce poème m’a fait du bien, il parle de la femme au foyer et de la beauté de la femme africaine.  Je me suis retrouvée dans ces mots et cela m’a soulagée. Je vais continuer à le lire chez moi». Soulagement aussi du côté de Jean Clovis Ngoubili, Brazzavillois en séjour à Pointe-Noire, qui a expliqué: «Cela m’a fait du bien d’avoir une oreille qui m’écoute attentivement. J’ai pu me défouler. Ce que j’ai trouvé agréable, c’est que le texte de l’écrivain congolais, Maxime Ndebeka, intitulé  " J’ai rêvé", m’a été lu en kituba, c’est bien de valoriser nos langues et aussi nos écrivains. Je m’en vais vraiment soulagé».

Si les patients se sont sentis soulagés par les mots, Pierre Claver Mabiala, lui, s’est dit surpris par le succès des consultations qui sont aussi une occasion de renforcer les rapports artsites-public : «Nous sommes agréablement surpris. Les gens sont curieux et ils adhèrent aux consultations. Ils arrivent même à retenir les paroles des textes qui leur ont été lus». Par ailleurs, il a informé de la poursuite des consultations (qui peuvent aussi être musicales et chantées) une fois le trimestre sur des sites différents. «Notre souhait est qu’elles soient régulières et pérennes, qu’elles inondent les quartiers de notre ville», a-t-il confié.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Les artistes médecins et les patients lors des consultations poétiques / Adiac -Une vue de la salle d'attente pendant les consultations poétiques/ Adiac

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