Sahara occidental : une situation au point mort

Mardi 5 Octobre 2021 - 15:25

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Un rapport remis par le secrétaire général des Nations unies au Conseil de sécurité fait état d’une reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario, considérée comme « un revers vers l’obtention d’une solution politique ». Dans une autre affaire, une décision de justice européenne donne au « Front Polisario le droit de représenter le peuple sahraoui » en justice.  

Un contentieux sur le Sahara occidental oppose depuis plusieurs décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie.  La situation s’est fortement dégradée à nouveau, estime le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un rapport remis au Conseil de sécurité. Le rapport évoque une reprise des hostilités entre le Maroc et le Mouvement indépendantiste du Front Polisario et la pandémie de covid-19, qui « ont considérablement modifié l’environnement opérationnel de la Minurso [opération de l’ONU formée de 235 observateurs], limitant la capacité de la mission à exécuter son mandat ». Il estime que  « la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario est un revers majeur vers l’obtention d’une solution politique  [et] qu’il subsiste un risque évident d’escalade tant que les hostilités persistent ». Le secrétaire général appelle « les parties à calmer la situation et cesser immédiatement les hostilités », et affirme que « la reprise d’un processus politique n’en est que plus urgent »Les parties sont sans émissaire depuis mai 2019 et ne se sont toujours pas accorder sur sa nomination  pour relancer le dialogue politique.

Alger et Rabat rompent leurs relations diplomatiques

Toutes les personnalités proposées ont été rejetées par l’une ou l’autre partie. En novembre 2020, le Front Polisario annonçait, suite à des incidents avec le Maroc, qu’il ne se sentait plus engagé par le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991.  En août dernier, Alger et Rabat ont rompu les relations diplomatiques, suite à de multiples tensions. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, reproche à Rabat de « mener des actions hostiles » à l’encontre de l’Algérie. Dans la même période, les relations entre les deux pays connaissaient une dégradation en raison du dossier du Sahara occidental. Ce qui fût également le cas en mars 1976, alors que l’Algérie avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique.  Au-delà de ce conflit, il y a des accords commerciaux litigieux entre le Maroc et l’Union européenne concernant le Sahara occidental. La juridiction européenne vient de donner raison aux indépendantistes du Front Polisario, annulant deux accords de partenariat commerciaux.

L'histoire du Sahara occidental

Le Sahara occidental est un territoire non autonome depuis 1963, selon l’ONU. Il est disputé depuis plus de quarante cinq ans entre Rabat et les indépendantistes sahraouis, soutenus par l’Algérie. Ancienne colonie espagnole de 266 000 km² et peuplé de plus d'un demi million d'habitants, il est essentiellement contrôlé par le Maroc, qui détient 80 % de ce territoire au sous-sol riche en phosphate et au littoral très poissonneux. Une situation qui  perdure depuis 1975, année où l’Espagne a cédé le nord et le centre du territoire au Maroc et le sud à la Mauritanie. Le Front Polisario a d’emblée refusé cette annexion, soutenu rapidement par l’Algérie qui n’avait pas apprécié que l’avenir des territoires sahraouis soit décidé sans le consulter. Le Sahara occidental n'est pas reconnu comme un Etat-nation. Le territoire est séparé depuis 1980 par un "mur de défense" construit par le Maroc. Le roi Mohamed VI est tourné vers l'apaisement et un "réglement définitif", malgré la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par les Etats-Unis. A l'ONU revient l'intermédiation en tenant compte des droits et des intérêts des parties en présence. 

Noël Ndong

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