Sommet Afrique France. Pour le président Macron, la France doit assumer sa part d'africanité

Samedi 9 Octobre 2021 - 12:30

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"On ne peut pas avoir un projet d'avenir pour la France si elle n'assume pas sa part d'africanité", a lancé vendredi le président Emmanuel Macron lors du sommet Afrique-France, soulignant que près de sept millions de Français sont intimement, familialement liés à l'Afrique.

"Nous avons une dette envers l'Afrique… Un continent qui fascine le monde entier, qui parfois en effraie d'autres", a déclaré le président français en faisant allusion aux débats sur l'immigration qui marquent les débuts de la campagne présidentielle dans son pays.

Emmanuel Macron est le seul chef d'Etat de ce sommet puisque les dirigeants africains, prévus dans une version initiale du sommet en 2020 reportées à cause de la pandémie, n'ont finalement pas été invités. En revanche, l'Arena de Montpellier, dans le sud de la France, accueillait ce vendredi 3.000 invités, dont 700 jeunes représentants de la société civile africaine.

"Notre pays s'est construit dans ce rapport à l'Afrique. Nous avons près de sept millions de Français dont la vie est intimement, familialement, de manière directe, en première ou en deuxième génération, liée à l'Afrique", a insisté Emmanuel Macron. "On ne peut pas avoir une France qui construit son propre roman national si elle n'assume pas sa part d'africanité, si elle ne regarde pas à travers ces pages sombres ou heureuses", a-t-il souligné.

"Nous tous dans cette salle, n'avons pas choisi notre histoire et notre géographie… Nous sommes les héritiers de tout cela", a-t-il développé, en appelant les jeunes à choisir comment bâtir l'avenir.

Le chef de l'Etat français prône une autre relation entre son pays et l'Afrique mais est régulièrement interpellé sur le passé colonial. "L'Afrique est mariée avec la France, un mariage forcé depuis plus de 500 ans", lui a ainsi lancé une artiste africaine dans la matinée. Ce à quoi le chef de l'Etat a répondu: "si on reste dans le face-à-face ou le dos à dos, on n'avancera jamais".

Un fonds pour la démocratie en Afrique

Des annonces ont également été faites par le président français parmi lesquelles la création d'un Fonds d'innovation pour la démocratie en Afrique. Doté de 30 millions d'euros sur trois ans, ce fonds doit aider les "acteurs du changement" , notamment sur les questions de gouvernance et de démocratie, comme l'a recommandé le rapport élaboré par l'intellectuel camerounais Achille Mbembe, chargé de préparer le sommet.

Autre geste, la mise à l'étude d'une maison des mondes africains et des diasporas, future institution dédiée à l'Afrique, une des autres propositions du rapport Mbembe. Une mission d'étude devra rendre ses propositions dans les six mois.

Un fonds d'amorçage doté de 10 millions sera également créé pour aider des entreprises africaines innovantes du secteur du numérique, dans le cadre de l'initiative Digital Africa de soutien aux start-up africaines.

La France va aussi mettre en place un programme de soutien aux académies sportives africaines et un fonds pour aider les musées africains à accueillir des œuvres internationales.

Le président français a, par ailleurs, annoncé la restitution fin octobre au Bénin de 26 œuvres pillées au palais d'Abomey. Des œuvres seront également remises à la Côte d'Ivoire, dont, selon des sources diplomatiques, le Djidji Ayokwe, célèbre tambour parleur Ebrié actuellement au musée du Quai Branly et réclamé de longue date par Abidjan.

Cette décision faisait suite au rapport des universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l'Université de Saint-Louis au Sénégal. Les deux spécialistes y avaient posé les jalons pour une restitution à l'Afrique subsaharienne d'œuvres d'arts premiers transférées pendant la colonisation, recensant des dizaines de milliers d'œuvres potentiellement concernées. En décembre 2020, le Parlement français a approuvé la restitution de ces 26 pièces au Bénin, aujourd'hui conservées au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.

Les restitutions d’œuvre d'art pillées à l'Afrique sont un des points saillants de la "nouvelle relation" que le chef de l'Etat français entend nouer avec le continent.

Julia Ndeko avec AFP

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