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Montpellier

Mardi 12 Octobre 2021 - 10:24

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Le président français, Emmanuel Macron s’est donné un forum le vendredi 8 octobre 2021 à Montpellier. Il l’a dénommé « Sommet Afrique-France », en référence aux rencontres qui, jusqu’en 2010, regroupaient annuellement les dirigeants africains et français pour débattre de l’avenir de la coopération entre la France et l’Afrique. Chacun de ces sommets avait un enjeu déterminé. Le 25e, donc le dernier sous cette forme, s’est tenu les 31 mai et 1er juin 2010 à Nice, en France. Il avait débattu de « la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale ». La négociation des accords dans les domaines social, énergétique et environnemental était également à l’ordre du jour.

Le premier sommet entre la France et l’Afrique tenu en novembre 1973 à Paris avait, à cette époque, un enjeu géopolitique. En effet, après la guerre israélo-arabe, il s'agissait de participer et de faire participer l'Afrique à la construction de la paix autour du bassin méditerranéen. Par la suite, il y a eu le sommet de Paris en décembre 2013. Il a été désigné « Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique » et celui de janvier 2017 à Bamako « Pour le partenariat, la paix et l'émergence ».

Le rendez-vous Afrique-France de 2021 à Montpellier s’inscrit peut-être dans le droit-fil de ceux qui ont suivi le sommet de 2010. Mais, dans sa forme comme dans son fond, il est totalement inédit. Près de 3 000 participants dont 1 200 Africains. Des jeunes, des représentants de la diaspora en France, des acteurs de la société civile sur le continent et des entrepreneurs ont été les seules personnalités du céans. Faut-il le répéter, aucun chef d’Etat africain n’a été convié. Le seul chef d’Etat s'est trouvé être le président français pour débattre avec ses convives « des sujets qui fâchent ».

Mais qui seraient donc fâchés des fameux sujets ? A l’heure où la France fait face à des tensions multiples en Afrique, notamment en Algérie, au Mali, en République centrafricaine et même au Maroc, la rencontre de Montpellier laisse un goût de raté.

En effet, que de rassembler des jeunes et des acteurs de la société civile sélectionnés, on ne sait sur quelle base, le président français aurait gagné à mettre ses homologues africains devant leur responsabilité, en face de la jeunesse ou la société civile africaine.

La perspective de création d’un fonds d’innovation pour la démocratie dont l’objectif est de « soutenir les acteurs du changement, notamment sur les questions de gouvernance et de démocratie » est certes une bonne chose. Mais, quelle serait l’entité qui mettrait en œuvre ces engagements en Afrique ? Comment alors les participants aux assises de Montpellier pourraient-ils garantir l’innovation dans la gouvernance et dans la démocratie en Afrique sans être à la prise de décision ?

Autant d'interrogations qui laissent transparaître le risque que si les bonnes promesses faites par la France ne sont pas réalisées, la jeunesse gonflée à blanc viendrait demander, sans doute, des comptes à ceux de leurs dirigeants qui n’ont pourtant pas pris part à leurs assises. En oubliant que les « promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent ».

Rassurés, ces interlocuteurs ont demandé au président français de « récurer la marmite sale » dans laquelle la France et l'Afrique mangent depuis plus d'une soixantaine d'années. Cela ne relève certainement pas de l’impossible pour la France. Mais, avouons que ce travail va nécessiter un peu de temps. Ayant foi cependant car la foi sauve, énormément !

Valentin Oko

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