Guinée : la junte va-t-elle entendre des appels à établir un calendrier électoral ?

Mardi 26 Octobre 2021 - 16:38

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Alors que le nouvel homme fort promet de « consolider les acquis démocratiques, de garantir l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national », certains pays dont les Etats-Unis et ceux de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), inquiets de l’instabilité et d’un effet de contagion de militaires qui arrivent au pouvoir par des coups d’Etat, réclament des élections présidentielle et législatives et la libération du président déchu, Alpha Condé. Reste à savoir si les nouvelles autorités guinéennes entendront ces voix unanimes.

Jusqu’à ce jour, le commandant des forces spéciales et chef de la junte, Mamady Doumbouya, dit que son équipe rendrait le pouvoir aux civils après des élections organisées à la fin d’une période de transition, dont la durée n’a jamais été précisée depuis le coup d’Etat du 5 septembre. Durant cette période transitoire qui doit être fixée d’un « commun accord » entre les militaires au pouvoir et les forces vives du pays, la junte qui promet de rassembler les Guinéens au-delà des appartenances politiques et ethniques entend, entre autres, procéder à une « refondation de l’Etat », rédiger une nouvelle Constitution, réformer le système électoral et organiser les élections.

Depuis sa prestation de serment, le 1er octobre, comme président de transition de la Guinée, un pays d’Afrique de l’ouest, le colonel Mamady Doumbouya affirme sans cesse qu’il se conformera au respect par son pays de tous ses « engagements nationaux et internationaux ». En ce qui concerne les futures élections, le chef de la junte assure, comme prévu par la charte de la transition, sorte d’acte fondamental, que ni lui ni aucun membre de son équipe ou des organes de transition n’en serait candidat.

En ce qui concerne la création annoncée d’un organe de « contrôle et de moralisation de la gestion publique » ayant pour but de lutter contre la corruption, il attend encore d’être mis en place.

Le colonel Doumbouya satisfait du renforcement de ses pouvoirs

Quant au « mécanisme consensuel » qui devra promouvoir la réconciliation nationale, le pouvoir doit d’abord le matérialiser. Cet instrument permettra aux Guinéens de « se parler, se pardonner et définir ensemble les solutions permettant de bâtir une nation plus unie et plus forte », selon le président de transition.

Malgré toutes ces promesses, des voix s’élèvent à travers le pays et ailleurs pour réclamer la tenue d’élections générales. C’est le cas de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), organisation sous-régionale qui a même décidé de geler les avoirs financiers des membres de la junte ainsi que de leur famille et de leur interdire le voyage.

Les Etats-Unis appellent, quant à eux, les militaires au pouvoir à « s’engager sur un calendrier pour des élections libres et équitables et un retour du pays à la loi civile, la démocratie et l’ordre constitutionnel ». La population civile, dont les dirigeants de l’opposition, les femmes et les groupes marginalisés, devra avoir « un rôle central » dans cette transition, souligne une porte-parole du département d’Etat.

En attendant de voir si les militaires vont s’exécuter en organisant des élections dans les délais réclamés par la Cédéao et la communauté internationale - sous six mois -, le pouvoir en Guinée se contente pour le moment de ce que la charte confirme le colonel Mamady Doumbouya comme « chef de l’Etat et chef suprême des armées », qui « détermine la politique de la Nation » et qui « peut prendre des ordonnances ». Ce qui lui a valu de nommer par décret Mohamed Béavogui comme Premier ministre de transition, qu’il pourra révoquer.

Fort de ces prérogatives, le président de transition continue de faire ménage dans l’administration guinéenne. Il vient d’envoyer d’office à la retraite 123 officiers des douanes, dont le directeur général, après avoir écarté de hauts gradés de la hiérarchie militaire.

 

 

Nestor N'Gampoula

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