Portrait : Bat, la musique sinon rien !

Jeudi 28 Octobre 2021 - 19:18

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Un moral de fer et six cordes d’acier. Passant d’un 4 pistes analogiques à Cubase SX, de Moukoundo à Mpaka, on rembobine le film d’un musicien et ingénieur son de talent que rien, ni personne, ne semble vouloir arrêter en chemin. 

Au quartier Mpaka, que chacun considère comme le temple de la musique ponténégrine, Rhys Claudel et sa compagne Jaimelavie forment un couple sans histoire ou, plus précisément, un couple avec une belle histoire. C’est aussi une famille : trois enfants, dont le dernier, le petit Joyce, n’est âgé que de quatre mois. Pour Rhys Claudel Koumoumbou Bantsimba, que tout le monde surnomme affectueusement Bat, concilier la vie de père de famille et la passion de la musique n’est pas une mince aventure. « La crise sanitaire a marqué un véritable coup d’arrêt pour toutes les professions liées au secteur culturel et il a fallu s’accrocher. De nombreux artistes ont dû modifier leur trajectoire mais moi, en tant que guitariste et ingénieur son, je ne peux m’écarter de ce qui est ma passion depuis l’enfance et de ce qui est mon métier. Je suis né à Brazzaville dans une famille où tout le monde est musicien, que ce soit mon père, mes oncles, mes cousins. C’est ce qui nous fait vivre et vibrer », dit-il sans amertume dans la voix.

La guitare, il l’a apprise dès l’âge de 15 ans et c’est plus tard son frère aîné, qui jouait dans une formation de Gospel, qui lui a donné d’autres clés pour performer son jeu.  « J’ai accompagné pas mal d’artistes sur scène mais le vrai déclic a été lorsqu’on m'a donné la direction du groupe El-Shaddaï.  Là, je suis passé du statut de guitariste à celui d’arrangeur, c’était de nouvelles responsabilités.  J’ai élargi mes compétences et, par ailleurs, dirigé notamment les chœurs à révéler ma voix,  c’est comme ça que je suis également devenu chanteur », avoue Bat. 

En parallèle, Alain, l’oncle paternel, a son petit studio d’enregistrement au quartier Moukondo, à l’ouest de Talangaï. Problème : son ingénieur son vient de le quitter !  Et les yeux de Bat s’illuminent : « Ah ça, je m’en souviens bien du Studio Alain MiSounds, j’avais 18 ans et c’était l’époque des cassettes audio, mon oncle m’a formé en quelques heures comme ingénieur son sur une petite table analogique 4 pistes.  Il a fallu attendre un peu pour passer à 8 pistes, ce jour là je me suis dit waouh, quel luxe ! Cela a duré comme ça jusqu’à 2015 et là débarque la Musique assistée par ordinateur : le rêve !  ».

Bat ne jure plus alors que par Cubase SX, ce logiciel à la renommée mondiale créé par Steinberg, et s’initie également à la programmation sur une boîte à rythmes Roland, comme il suit en parralèle des études d’informatique tout lui paraît facile. Guitariste, arrangeur, ingénieur son, beatmaker, le chemin semble tout tracé mais c’est oublier que Bat aurait pu devenir un talentueux artiste peintre. «  C’est vrai, j’avais un don je crois pour le dessin et la peinture, d’ailleurs ma seconde toile avait été achetée par un collectionneur vivant à Paris. Mais je n’avais pas à l’époque les moyens d’acheter chassis, toiles ou peintures acryliques et mon grand père me conseillait de ne pas me disperser, de ne pas être un touche à tout pour devenir un bon à rien. Qui embrasse trop mal étreint, me disait-il en quelque sorte. Comme ça marchait bien en musique, j’ai continué, en étant appelé par de plus grands studios.  Au fil du temps, cela m’a conduit à travailler entre autres pour l’Institut français ou encore pour Africa News. Il y a des concerts où j’ai collaboré qui ont marqué ma mémoire, comme ceux des Prix Découverte de RFI, Mikéa de Madagascar ou encore Maurice Kyria, chanteur ougandais », se souvient-il.

Bat n’a donc jamais cessé de gratter les six cordes de sa guitare ni laissé tomber les curseurs des consoles et, du reste, il enregistre actuellement, au Studio Miché à Pointe Noire, l’album du groupe de Dolisie T.E Vocal.  « Je ne connais aucun chemin qui pourrait m’éloigner de la musique et, en dehors de mon agenda bien rempli, j’ai une vision à moyen terme qui tend à ce que je dispose  un jour de mon propre studio », assure-t-il. 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

BAT

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