Traditions : une exposition pour contribuer à la sauvegarde du kiébé-kiébé

28-10-2021 17:00

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Patrimoine culturel du Congo, le kiébé-kiébé est encore à l’honneur dans la ville océane à travers une exposition qui a démarré le 28 octobre à l’hôtel Elaïs. Initiée par le collectionneur, protecteur des artistes et des traditions, Yves Dubois, ce grand rendez-vous va durer sept jours.

Le kiébé –kiébé, d'après les explications d'Yves Dubois, est une société initiatique des ethnies mbosi, kouyou et téké du centre nord du Congo. Il existe depuis de très nombreuses années dans beaucoup de villages entre Owando au nord, Boundji à l’ouest et Abala au sud. Il a comme but principal l’éducation et le mysticisme. Le kiébé-kiébé permet d’élever les initiés à de hautes valeurs morales et spirituelles de la société. Dans ce cadre, les initiations se font avec des marottes (formes de masques colorés) et des robes en raphia constituées de trois parties (tête, rigole et manche) dont se couvrent les initiés pour exécuter la danse folklorique kiébé-kiébé consistant à tourner au ras du sol comme une toupie.

Pendant une semaine, le public va découvrir les marottes, les robes et la danse kiébé-kiébé et en comprendre le sens à l’exposition qui va avoir lieu à l’hôtel Elaïs. Celle-ci succède à la manifestation (exposition et danse) qui avait eu lieu  les 21 et 22 mai 2016 au centre culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard. Cette année, elle est réduite à cause des mesures restrictives de la covid. Ainsi, la danse kiébé-kiébé ne sera pas au rendez-vous et une cinquantaine de marottes seulement, sur les cent cinquante qui constituent la collection d’Yves Dubois, seront exposés. Ces marottes, c’est depuis une vingtaine d’années que cet amoureux de l’art les collectionne. «J’ai commencé à les acheter chez les antiquaires par plaisir au départ. C’est à travers le livre d’Emmanuel Okamba sur cette tradition que j’ai découvert leur signification », témoigne-t-il.

L’exposition kiébé-kiébé a été initiée par Yves Dubois en vue de contribuer à la préservation et à la valorisation de cette tradition qui, comme plusieurs autres du pays, est en train de disparaître. Cela, au grand regret d’Yves Dubois qui assiste, depuis quarante ans qu’il vit en Afrique, à leur déclin. «Je regrette que les traditions disparaissent. Il faut absolument conserver le kiébé-kiébé. Son  intérêt est que c’est une société d’éducation. Chaque marotte à une signification, une histoire. Le kiébé-kiébé, c’est la transmission des bases et des valeurs importantes», conseille-t-il.

Notons que le kiébé-kiébé fait partie du patrimoine culturel congolais que plusieurs  associations cherchent à sauvegarder. De nos jours, les initiations se font rarement selon les canons de la tradition à cause de l’exode rural qui, de plus en plus, fait disparaître les valeurs authentiques sous la forte poussée de l’urbanisation des villes, a signalé Yves Dubois. A Pointe-Noire, il existe une section kiébé-kiébé qui est  présidée par M. Deckambi et qui organise de temps en temps des cérémonies.

Pour une meilleure compréhension de cette tradition, Yves Dubois a écrit un livre sur « Les significations et les manifestations du Kiébé-kiébé ». Le collectionneur, qui œuvre aussi pour la protection des artistes, a mis sur le marché deux autres ouvrages, à savoir «Les artistes peintres de Pointe-Noire» et «Samuel Matoko, peintre écologique du Congo Brazzaville».   

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-L'affiche de kiébé-kiébé

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