COP26 : le sommet de Glasgow, le début d'une nouvelle ère sur les pertes et dommages ?

Jeudi 11 Novembre 2021 - 14:15

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L'Écosse vient de promettre un million de livres sterling  (1,4 million de dollars) pour soutenir les victimes de catastrophes climatiques, devenant ainsi le premier gouvernement à délimiter des fonds pour compenser les pertes et dommages causés par le changement climatique pour les pays vulnérables dans le sud.

Malgré que le montant est faible, il s’agit d’un grand pas. « Bien que l'engagement du gouvernement écossais soit symbolique, car le montant est faible par rapport aux coûts des catastrophes en milliards de dollars par an, il a brisé le tabou de nombreux pays riches lorsqu'il s'agit de financer les pertes et dommages », a déclaré le conseiller principal de Climate Action Network-International, Harjeet Singh. Actuellement, le fardeau de l'indemnisation et de la réhabilitation pour les vies perdues et les dommages causés par le changement climatique induit par l'homme relève principalement du domaine des gouvernements nationaux. En l'absence de politique concrète, beaucoup craignent que cela devienne bientôt une situation intenable pour les nations à gérer seules. Un manque de progrès jusqu'à présent sur cette question lors de la 26e conférence des parties risque de compromettre d'autres victoires, selon les experts. « La frustration que nous ressentons, et ce transfert de fardeau sur les pays pauvres, n'aide certainement pas le processus de négociations », a déclaré Alpha Oumar Kaloga, un négociateur pour la Guinée.

Cette denière occupe actuellement la présidence du groupe de négociation du Groupe des 77 et de la Chine. « Bien que l'action climatique, en termes d'atténuation, telle que la réduction des émissions, soit extrêmement importante, si des progrès ne se produisent pas sur les pertes et les dommages, cela éclipsera tout autre succès observé lors de la COP. C'est un problème global », a-t-il ajouté.

Financer les pertes et dommages

La nécessité de financer les pertes et dommages, au titre de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a été soulevée pour la première fois en 1991, par l'Alliance des petits États insulaires. Elle avait proposé que la charge financière des pertes et dommages soit répartie de manière équitable entre les pays industrialisés à revenu élevé. Depuis lors, tout progrès réel sur la question s'est également accompagné de reculs. La création du Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et les dommages en 2013 et la décision de mettre en place un réseau de Santiago pour les pertes et les dommages lors de la COP 25 ont été deux grandes avancées. Lors des négociations de l'Accord de Paris de 2015, l'article 8 - qui se concentre sur les pertes et dommages induits par le changement climatique - a été réécrit pour dire qu'il « n'implique ni ne fournit de base pour aucune responsabilité ou compensation ». Le directeur du Centre international pour le changement climatique et le développement au Bangladesh, Saleemul Huq, a déclaré que « les pays riches ont peur de s'exposer à la responsabilité et à l'indemnisation. Même le terme perte et dommage ». Ils refusent d'aborder le problème. La réticence reste palpable à la COP26. Un négociateur d’un pays a revenu élevé  a déclaré :  « Nous ne pouvons accepter ce que nous ne pouvons pas voir, nous ne pouvons accepter aucun ajout de nos collègues sur le texte sans le regarder ». 

Comment sortir de l'impasse ?

Avant la COP 26, des organisations de la société civile, de jeunes militants pour le climat et certains négociateurs des pays du Sud se sont investis pour mettre la question des pertes et des dommages sur le devant de la scène. Une lettre ouverte, comptant plus de 300 groupes comme signataires, interpellait le président de la COP26 et d’autres chefs d’Etat et délégués, demandant que des mesures concrètes soient prises sur la question. Pour Zoha Shawoo, scientifique associée au centre américain de SEI, « des solutions pratiques et pragmatiques existent pour le financement des pertes et dommages qui ne politisent pas le problème et se concentrent plutôt sur les besoins des pays et des communautés vulnérables […] sur la base de la solidarité, de la prise en compte des besoins locaux, de la responsabilité historique et du principe du « pollueur-payeur », et de la notion bien établie de « responsabilités communes mais différenciées et de responsabilités respectives ». Saleemul Huq de conclure : « Peu importe ce qui se passe au reste de la COP26, s'il n'y a pas de progrès sur les pertes et dommages, la société civile et les jeunes militants pour le climat considéreront [la conférence à] Glasgow comme un échec ».

Noël Ndong

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