COP26 : le « Pacte de Glasgow » critiqué pour accélérer la lutte contre le réchauffement

Mardi 16 Novembre 2021 - 11:30

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Les quelque deux cents pays de la COP26 ont adopté un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, mais sans garantir de tenir l'objectif de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d'aide des pays pauvres.

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, lui-même, a relevé les faiblesses de ce « Pacte de Glasgow », avertissant que « la catastrophe climatique frappe toujours à la porte, la volonté politique » ayant manqué pour surmonter les « contradictions » entre pays. Le texte a été adopté à l'issue de deux semaines de négociations éprouvantes, à l'image des changements de dernière minute, moins contraignants, introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l'Inde. Avant d'entériner l'adoption, le président britannique de la COP26, Alok Sharma, s'est dit « profondément désolé » pour ce dénouement. Ayant estimé que l'accord inaugure une décennie d'ambition croissante en matière de climat. Le Premier ministre du pays hôte, Boris Johnson, a de son côté jugé que ce résultat constituait « un grand pas en avant » mais qu'il y avait « encore énormément à faire ».

« Nous avons toujours su que Glasgow n'était pas la ligne d'arrivée », a déclaré l'émissaire américain, John Kerry. Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l'ONU sur une trajectoire « catastrophique » de réchauffement de 2,7°C par rapport à l'ère pré-industrielle, le texte appelle les Etats membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022.

Les critiques des ONG

Mais avec la possibilité d'aménagements pour « circonstances nationales particulières », point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte. Le compromis trouvé n'assure, d'ailleurs, pas le respect des objectifs de l'accord de Paris de 2015: limiter le réchauffement « bien en deçà » de 2°C et si possible à 1,5°C. Mais il offre des perspectives permettant à la présidence britannique d'afficher un succès sur son objectif de voir Glasgow « garder 1,5 en vie ». Les experts avertissent régulièrement que chaque dixième de degré compte alors que se multiplient déjà les catastrophes liées au changement climatique: inondations, sécheresses ou canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes. « C'est mou, c'est faible, et l'objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l'ère du charbon. Et c'est important », a souligné Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International.

Des énergies fossiles, responsable du réchauffement climatique

Le texte contient également une mention, inédite à ce niveau, des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l'accord de Paris. Une formulation atténuée au fil des versions, avant l'adoption en plénière, à l'insistance notamment de la Chine et de l'Inde. La version finale appelle à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles », avec une mention des « circonstances nationales particulières ». Une « pilule amère à avaler, [mais acceptée] pour le bien commun », a déploré la représentante du Liechtenstein. Après un échec aux deux dernières COP, celle-ci a réussi à mettre la dernière main aux règles d'utilisation de l'accord de Paris,  notamment sur le fonctionnement des marchés carbone censés aider à réduire les émissions.

L’aide aux pays pauvres

Le dossier explosif de l'aide aux pays pauvres n'a par contre pas trouvé de résolution. Echaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à cent milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des « pertes et préjudices » qu'ils subissent déjà. Mais les pays développés, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s'y sont fermement opposés. A contre-coeur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant « extrêmement déçus ». « C'est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique », a commenté Teresa Anderson, de l'ONG ActionAid International.

Noël Ndong

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