Rencontre littéraire : "Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort" présenté et dédicacé

Mercredi 24 Novembre 2021 - 12:17

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Publié aux éditions Saint-Honoré (Paris-France), le roman de James Gassongo de 324 pages a été présenté et dédicacé récemment à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville, en présence des amis du livre et de la littérature.

La cérémonie a débuté par la présentation et la critique de l’œuvre faite par Aubin Banzouzi, sous la modération d’Alexis Bongo. Présentant le roman "Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort", l’œuvre qu’il trouve de toute particulière, l’écrivain et critique littéraire Aubin Banzouzi a rappelé que comme toute œuvre littéraire, il n’est point question de chercher la vérité mais la beauté. Car, comme disait Stendhal, « Toute œuvre d’art est un mensonge ». Parce que toute œuvre d’art est avant tout fruit de l’imagination en tant qu’œuvre de création.

Ceci étant, le critique et présentateur a commencé tout d’abord par une étude para textuelle avant d’aborder l’analyse de fond du texte. A propos de l’étude para textuelle, il a commencé par la première de couverture, puis la quatrième dans laquelle ne figure pas la photo de l’auteur, tout simplement parce que son message est l’expression de tous les visages et les cœurs épris d’humanité et d’empathie face au temps contemporain où des drames indescriptibles continuent de côtoyer et d’enlaidir les moments de joie, de liberté et de paix. Il a conclu pour cette première partie de sa présentation que concernant l’étude para textuelle, la prééminence est donnée au texte lui-même.

Quant à l’étude textuelle, Aubin Banzouzi a résumé le livre, précisant que le récit commence par une présentation du décor comme dans la plupart des romans de type balzacien. C’est la fin d’une averse ayant causé beaucoup de dégâts dans la ville de Maza Moungwa. Une ville océane et pétrolière de la République fédérale Bibale, pays imaginaire. Le narrateur Ekela, héros du récit, reçoit la visite de son ami Kudia avec qui il discute de tout ce qui se passe autour d’eux. Les belles femmes, la veillée funèbre, les catastrophes naturelles, la situation sociopolitique, etc. Le drame est au cœur de l’intrigue du roman. Ekela perd consécutivement deux parents proches, un bel oncle puis un neveu. Il sera accusé de sorcier à l’origine de la mort du second défunt. Pendant qu’il s’évertue à compatir innocemment avec sa famille éplorée, il est molesté par une foule de jeunes naïfs et incités par quelques membres de sa famille. Ekela vit cette infortune dans une longue et triste méditation sur le sens de la famille, de la vie, de la mort et du bien qui est toujours à promouvoir malgré les injustices et d’autres pesanteurs existentielles. Il est réconforté par le témoignage des martyrs modernes (Martin Luther King, Nelson Mandela, Emile Biayenda, Gandhi).

Critiquant en même temps l’œuvre de James Gassongo, Aubin Banzouzi a fait ressortir que le langage du récit est limpide et varié selon les contextes intradiégiétiques. C’est un roman fleuve au texte aéré, donc favorable à la lecture. La tonalité générale du récit est tragique avec un champ lexicosémantique renvoyant à la mort. Le narrateur, qui dans l’incipit utilise le « nous » collectif, se voit utilisé la première personne dans les autres séquences. Il est quelquefois un référentiel dans les différentes constructions dialogales du récit. L’art narratif de James Gassongo est épisodique, chronologique et visiblement marqué d’imbrication. « On a l’impression de lire à la fois, du point de vue stylistique, "l’Antépeuple" de Sony Labou Tansi, "Le Pleurer-Rire" de Henri Lopez, "Jazz et Vin de palme" d’Emmanuel Dongala, ou "Verre Cassé" d’Alain Mabanckou. Et pourtant, l’intrigue et les tournures phrastiques sont originales », a souligné le critique.

Outre le résumé et la critique, le volet textuel a été constitué de l’étude onomastique où les noms propres renvoient au Congo-Brazzaville, la patrie de l’auteur ; l’intérêt philosophique ou anthropologique ; les figures rhétoriques au regard de la portée littéraire de ce roman.

Les dés étant jetés, l’auteur n’avait plus qu’à répondre aux questions dont la plupart ont été focalisées sur le titre du livre : "Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort". A propos, l’auteur a fait savoir que l’injonction "Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort" n’est pas une invitation à ôter la vie d’une personne quelconque. « Tuez-le-nous ! ne fait pas l’apologie du crime, c’est une dénonciation de ce que deviennent certaines sociétés. A l’intérieur, il y a plusieurs scènes qui sont expliquées. C’est un très bon pèlerinage », a expliqué l’auteur. 

Par-là, James Gassongo n’incite donc pas à la violence, à la tuerie, mais rapporte plutôt les propos d’une personne figurant dans la trame du récit. Pour lui, son livre parle de beaucoup de choses, de tout ce qu’on vit dans certains milieux. Il n’est pas écrit que pour parler des réalités congolaises, mais aussi d’autres pays. "Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort", c’est aussi une grande envie de faire parler les sans voix. Il explique comment on monte des complots et déplore certains actes. Il y a des marginalisés dans un milieu pour la simple raison que l’ascension sociale crée des ennuis ou frustre les autres, dit l’auteur.

Né en 1966 à Brazzaville, en République du Congo, James Gassongo a fait ses études d'abord dans son pays. Après l’obtention du baccalauréat série B (économie), il se rend en France où il suit une formation en comptabilité, avant de poursuivre la formation en comptabilité anglo-saxonne en Angleterre où il commence également sa carrière de cadre comptable bilingue, anglais français, à Londres. Il occupera les fonctions de comptable, chef comptable et manager dans plusieurs structures en Angleterre. En 2002, il décide de quitter sa fonction de comptable au Parlement anglais pour rentrer au Congo-Brazzaville, où de 2004 à aujourd’hui, il évolue comme cadre financier comptable dans une société pétrolière de la place. Il est l’auteur des articles : « Rendre efficace la politique de logements sociaux au Congo, pour soulager la population » ; « Pour une politique de logements sociaux à même de répondre aux attentes des populations ».

"Tuez-le-nous ! Le couloir de la mort", est son tout premier roman. Il est disponible chez les libraires, notamment à La librairie des Dépêches de Brazzaville et vendu à 17 000 FCFA.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- James Gassongo dédicaçant son livre / Adiac 2 - Lauteur posant avec quelques invités à la cérémonie / Adiac

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