De quoi demain sera fait ?

Alors qu’approche à grands pas la fin de cette année 2021 qui fut pour le moins agitée à l’échelle mondiale en raison, d’une part, de la guerre larvée que se livrent les Grands de ce temps et, d’autre part, des problèmes de toute nature générés par la pandémie du coronavirus, la tentation est forte de prédire le pire pour l’année à venir. Mais si l’on observe bien la scène internationale, deux grands mouvements se dessinent ou plutôt semblent se dessiner qui pourraient bien changer radicalement les données de l’équation que les peuples des cinq continents vont devoir résoudre dans les décennies à venir.

Le premier de ces mouvements est la prise de conscience collective du péril mortel que suscite la dégradation de la nature dont les terribles effets se font sentir chaque jour un peu plus sur toute la surface du globe terrestre. Alors même que le vingt-sixième Sommet sur le climat, qui s’est tenu début novembre à Glasgow, en Ecosse, n’a débouché sur aucune décision concrète qui permette de lutter contre le dérèglement climatique, de protéger la nature, de réduire les gaz à effet de serre, de ralentir la montée des océans, l’écologie, entendue dans son sens le plus large, s’impose au fil des jours comme l’arme politique la plus sûre pour celles et ceux qui briguent le pouvoir d’une façon ou d’une autre. La campagne électorale présidentielle qui s’approche en France en témoigne de façon claire, tout comme cela vient de se concrétiser en Allemagne avec la coalition que dirige le nouveau Chancelier, Olaf Scholz. Plus aucun gouvernant ne peut en réalité sous-estimer le danger vital que porte en lui le dérèglement climatique, ce qui ouvre enfin la voie à des décisions positives.

Le deuxième mouvement, qui ne se manifeste pas encore clairement sur la scène internationale mais qui va probablement changer rapidement la donne, est l’inquiétude croissante que suscitent à l’échelle mondiale les relations de plus en plus tendues entre la Chine, l’Europe, les Etats-Unis, l’Inde et la Russie. Dès lors, en effet, qu’elles font courir le risque d’un conflit de grande ampleur sur le Vieux continent, au Proche et au Moyen-Orient, en Asie, dans la zone Pacifique, elles réveillent partout des souvenirs douloureux. Ces tensions sont d’autant plus inquiétantes qu’elles se déroulent dans un climat de crise économique et sociale qui s’aggrave chaque jour et qu’elles s’accompagnent d’une nouvelle course aux armes de destruction massive dont l’emploi coûterait  la vie à des centaines de millions d’êtres humains. Même si les gouvernants des superpuissances ne le voient pas encore ou refusent de le voir, les peuples dont ils ont la charge échangent de plus en plus sur le sujet via les réseaux sociaux dont l’influence s’accroit de jour en jour. Ce qui, tôt ou tard, les contraindra à jouer la carte de la paix plutôt que celle de la guerre.

Conclusion, provisoire bien évidemment, de tout ceci : 2022, dont nous fêterons l’avènement dans très exactement dix-neuf jours, risque fort de voir les nations riches de l’hémisphère nord se trouver contraintes, sous la pression de leurs citoyens et de l’opinion publique mondiale, de consacrer enfin une partie significative de leurs richesses à l’émergence des pays en développement où vit, dans des conditions difficiles, plus de la moitié de la communauté humaine : près de cinq milliards d’hommes, de femmes et d’enfants sur les quelques huit milliards que compte aujourd’hui la Terre !

Si les nations riches de la planète ne le font pas et continuent de se surarmer en se défiant ouvertement, elles feront face tôt ou tard à une « bronca » générale, y compris dans leur propre nation, qu’elles s’avèreront incapables de gérer, de contenir. Tout bien réfléchi, l’avenir n’est donc pas si sombre qu’on pouvait le craindre jusqu’à présent.