Afrique: un tiers d'articles sur les médias provient des services d'information étrangers

Jeudi 20 Janvier 2022 - 13:45

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Un tiers de tous les articles sur l’Afrique publiés dans les organes d’information du continent provient des services d’information étrangers. L'indice mondial des médias évalue la couverture du continent par des médias internationaux. 

Il est souvent reproché aux médias internationaux de présenter le continent africain sous l’angle de la maladie, de la pauvreté, des conflits, de la corruption et une mauvaise gestion des dirigeants. Pour évaluer cela, l’Indice mondial des médias (IMM) va suivre et mesurer la manière dont l’Afrique est couverte par les principaux médias internationaux. The Africa center (AC), basé à New York, l’organisation pour le changement de discours Africa no filter (ANF), Media monitoring Africa et l’Université du Cap (UCT), en Afrique du Sud, ont conjuré leurs forces pour développer l’indice mondial des médias chargé de suivre et de mesurer la manière dont l’Afrique est couverte par les principaux médias internationaux. L’IMM examine vingt grandes plateformes médiatiques internationales, afin d’analyser la manière dont elles racontent l’histoire de l’Afrique, quelles voix sont entendues, quels sujets sont prioritaires et comment ils sont couverts. L’IMM mettra également en évidence les meilleures pratiques en matière de reportage sur le continent. Le projet s’appuie sur une série de méthodes, notamment l’analyse de contenu, l’analyse institutionnelle et des entretiens avec des journalistes travaillant pour des médias internationaux.

L’objectif est d’établir les thèmes dominants, les récits et les pratiques journalistiques qui façonnent l’image de l’Afrique. L’importance de l’indice est due au fait qu’un tiers de tous les articles sur l’Afrique publiés dans les organes d’information du continent provient de services d’information étrangers. L’IMM est financé conjointement par ANF et The AC, axé sur les représentations médiatiques de l’Afrique. La recherche est dirigée par les Prs Herman Wasserman du Centre d’études cinématographiques et médiatiques,  Tanja Bosch et Wallace Chumae, ainsi que Meli Ncube de l’UCT, et William Bird de MMA. L’IMM va compléter des initiatives relevant du principe de rupture signée par ANF.

« Très peu d’institutions sont aussi puissantes que les médias internationaux. En tant que créateurs de contenus pour des millions de personnes, les médias établissent les programmes d’élaboration des politiques, encadrent le débat politique et façonnent les perceptions du public international", a rappelé Moky Makura, directrice exécutive de ANF. L'IMM s'inscrit dans le cadre du rôle de surveillance et vise à montrer ce qui est bien plutôt que mal dans les reportages sur l'Afrique, a-t-elle appuyé, notant des progrès.  "Nous avons constaté que les organes d’information internationaux sont devenus plus réfléchis dans leur couverture, mais nous n’en sommes pas encore là, et nous espérons que cet indice permettra de mettre en lumière ceux qui font bien les choses », précise-t-elle.

Uzodinma Iweala, président directeur général de The AC, a qualifié l’indice de nécessaire et d’opportun. « Si nous voulons changer les récits sur le continent et sa diaspora afin qu’ils soient plus représentatifs et réfléchis, nous devons avoir une compréhension de base de ce que sont ces discours et où ils sont établis. Cet indice est un pas dans la bonne direction. Il contribuera à créer une nouvelle approche qualitative et quantitative pour comprendre comment les journalistes dépeignent l’Afrique et ses habitants, et savoir dans quelles zones les messages qu’ils partagent trouvent le plus d’écho dans le paysage médiatique international », soutient-il.

Herman Wasserman a ajouté : « L’objectif n’est pas de promouvoir "un journalisme d’investigation" positif sans critique, mais plutôt de présenter un journalisme bien conçu, correctement enquêté, éthiquement sain et ayant un impact, qui prend le continent africain au sérieux dans toute sa diversité et sa complexité, qui donne aux citoyens africains les moyens de participer à la démocratie et à des conversations significatives sur le continent, et qui contribue à une meilleure compréhension des sociétés, de la politique et de la culture africaines dans un monde globalisé ».

Noël Ndong

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