Province de Lomami : des journalistes formés à la couverture médiatique impartiale des élections

Jeudi 5 Mai 2022 - 13:45

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En marge de la célébration de la Journée internationale de la presse le 3 mai, des professionnels de média de la province de Lomami ont participé à un atelier organisé au chef-lieu, Kabinda, par l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa). Plus d’une trentaine de journalistes de cette ville et de Mwene-Ditu ont pris part aux travaux qui ont eu lieu dans en ce moment de fièvre électorale caractérisée par la campagne pour le scrutin des gouverneurs de province.

Le représentant de l’Olpa, Alain Kabongo Mbuyi, a expliqué que la rencontre est la première de l’année 2022 dans le cadre du projet de renforcement des capacités des médias indépendants durant le processus électoral en République démocratique du Congo (RDC), appuyé par la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Il a relevé les motivations profondes de l’Olpa qui a fêté ses 18 ans d'existence le 3 mai, bravant les difficultés d’accès dans la province de Lomami pour former les journalistes sur le traitement de l’information électorale. Il a exhorté l’autorité provinciale à accompagner les médias dans l’accomplissement de leur mission d’informer la population.

Ouvrant l'atelier, le gouverneur par intérim de Lomami, le Dr Kazadi Tshiput, a rappelé que le 3 mai était une journée symbolique pour les journalistes du monde entier, destinée à célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Pour 2022, a souligné le gouverneur par intérim, le thème choisi, « Le journalisme sous l’emprise du numérique », est aussi interpellateur. Il a indiqué que le gouvernement provincial de Lomami a salué l’initiative de l’Olpa d’organiser ces assises axées essentiellement sur le traitement de l’information électorale par les médias de Kabinda. Pour le Dr Kazadi Tshiput, cette activité a été d’une grande portée au moment où la Commission électorale nationale indépendante est engagée dans l’organisation du scrutin des gouverneurs. « Le chef du gouvernement national a officiellement rassuré que les élections se tiendront l’année prochaine en 2023… », s'est-il convaincu, appelant Olpa à penser aussi à former d’autres journalistes locaux à l’instar de ceux œuvrant à Luputa, Ngandajika, Lubao, etc. Il a, par ailleurs, invité les participants à capitaliser les acquis de ces assises pour le bien-être de la communauté « qui a plus besoin de bonnes informations puisées à la source et non des fake news distillées à longueur des journées dans les réseaux sociaux ».

Des leçons pour mieux informer

Dans le cadre de cet atelier, le chef des travaux à l’Université Notre dame de Lomami, René Mpanya Mayombo, un des orateurs, s’est appesanti sur les bonnes et mauvaises expériences de couverture médiatique des processus électoraux de 2006, 2011 et 2018 dans cette province. Il a puisé dans son expérience comme agent électoral, au cours des cycles électoraux précités, pour analyser sans complaisance la couverture médiatique durant les trois cycles et tirer des leçons tirées. «L’éducation de la masse populaire pour avoir de bonnes élections, par le truchement des médias, a été un grand défi lors des cycles électoraux », a-t-il dit.

Pour sa part, le ministre provincial des Médias par intérim, Jean-Marie Muhala Kitengie, est revenu sur la politique communicationnelle du gouvernement provincial de Lomami et le niveau de collaboration avec les médias locaux. Il a défini les libertés dont jouissent les journalistes ainsi que leurs limites, expliquant que la liberté de presse ne rend pas les journalistes électrons libres. Quant à la politique communicationnelle de la province, le ministre a indiqué que le renforcement des capacités des journalistes est une préoccupation du gouvernement provincial, qui insiste sur le respect de l’éthique et la déontologie de leur profession.  Jean-Marie Muhala Kitengie a souligné que la presse est un partenaire technique de l’autorité provinciale et non un service négligeable.

A l'en croire, la collaboration avec la presse est au beau fixe dans cette entité, malgré certains cas d’égarement gérés en douceur. Il a, par contre, déploré les difficultés qu’il éprouve pour gérer les médias en ligne dont la réglementation pose problème en ce moment où plusieurs professionnels bafouent l’ABC de leur métier.

De son côté, le coordonnateur du Cadre de concertation provinciale de la société civile de Lomami, Dieudonné Ngoyi Kiuma, a lui jeté un regard critique sur le travail de la presse locale. Il a défini le journaliste comme une personne qui recueille, cherche, vérifie, écrit puis distribue des informations sur tout type de support média (presse écrite, radio, télévision et les technologies de l’information et de la communication du web). Dans un premier temps, il a relevé les points forts de la presse locale de Lomami où les journalistes travaillent presque bénévolement, se forçant de faire l’essentiel. Dans un second temps, il a cité quelques faiblesses dont le manque de professionnalisme, de formation, etc.

Le président provincial de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) de Lomami, Johnny Kasongo, s’est penché sur la problématique de la liberté de presse dans la province. Après avoir dressé un tableau sombre de la situation à Lomami, il a appelé l’autorité à décréter, sans délai, un moratoire sur les arrestations et emprisonnements des journalistes tel que décidé par les Etats généraux de la presse, d’accélérer la mise en place d’un mécanisme national de sécurité et de protection des journalistes et de lutte contre l’impunité des violences faites aux professionnels des médias.

Face à la montée du discours de la haine et à la recrudescence des dérives déontologiques, nuisibles à la liberté de la presse, constatées dans certains médias, en ligne et hors ligne, il a lancé, au nom de l’UNPC/Lomami, un appel urgent aux instances de régulation et d’autorégulation, d’entamer, sans délai et sans atermoiements, le travail de « salubrité médiatique » tel que décidé par les Etats généraux de la presse, afin d’assainir la corporation et de promouvoir un journalisme respectueux des règles d’éthique et de déontologie professionnelle. Il a, enfin, sollicité d’Olpa d’organiser les formations des journalistes de cinq territoires et deux villes de Lomami sur différentes thématiques avant les élections de 2023. Il a notamment proposé de les entretenir sur la manière d’animer professionnellement un débat-radio électoral, de tenir une émission en période électorale, sur les droits fondamentaux et le cadre légal de la presse, sur le travail du journaliste avant, pendant et après les élections, etc.

Dans les travaux en groupes, le premier s'est penché sur la « collaboration entre les institutions provinciales et la presse locale ». Il a fait l’état des lieux de la collaboration avec les institutions de la province, avant d’identifier les points forts et les faiblesses. Ce groupe a, enfin, proposé certaines recommandations pour le succès de cette collaboration entre les médias et les institutions provinciales.

Le second groupe s’est penché sur « les défis de la couverture médiatique des élections », dressant un bilan de la couverture médiatique des élections de 2018 dans la province. Il a également identifié les points forts, les dérapages, les obstacles rencontrés, avant de proposer des pistes de solution pour une meilleure couverture médiatique des élections des gouverneurs et autres à venir. Le respect de la réglementation sur la subvention des médias, l’implantation des organisations corporatives à Lomami, la vulgarisation du Code d’éthique et de déontologie professionnelle, la multiplication des séminaires de formation sont parmi les recommandations de ces différents groupes de travail.

Séance tenante, une collecte des fonds a été initiée par le représentant de l’Olpa pour doter l’UNPC/Lomami d’un siège de location. Plusieurs responsables des radios locales ont souscrit à cette idée afin d’organiser la profession dans cette province.

Des journalistes libérés à Bumba

Dans un autre chapitre, l'Olpa a dit prendre acte de la libération d’Albert Muhila, Dieu Agba et Patrick Gbondo, journalistes à Radio Mwana Mboka, station privée émettant à Bumba, à 106 km de Lisala, chef-lieu de la province de Mongala. Cette organisation a indiqué que ces journalistes ont été libérés, le 4 mai, après douze jours de détention à la prison centrale de Bumba. Une caution de 350 000 Francs congolais (équivalent de 175 dollars américains) a été payée.

Tout en prenant acte de cette remise en liberté, Olpa condamne néanmoins la procédure ayant conduit à l’incarcération des journalistes. « Il s’agit manifestement d’une atteinte à la liberté de presse garantie par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme », a-t-elle souligné.

Ces professionnels des médias, a rappelé Olpa, ont été interpellés le 22 avril dernier au siège de leur radio par des éléments du Groupe mobile d’intervention de la police nationale congolaise /Bumba, puis transférés à la prison centrale de cette ville. Cette interpellation est intervenue après la diffusion de l’émission "Bosembo pe bosolo", en français" Justice et vérité",  présentée par Dieu Agba, au cours de laquelle ses invités ont émis des critiques sur les actions du vice-Premier ministre et ministre en charge de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La photo de famille des participants à l'atelier organisé par Olpa

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