COP 15 : résoudre le crucial problème de la désertification

Vendredi 13 Mai 2022 - 13:38

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La 15e session de la Conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) a débuté le 9 mai à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et se tiendra jusqu’au 20 mai.

La désertification est un problème mondial qui affecte la sécurité écologique de la planète, la stabilité socio-économique et le développement durable. C’est un phénomène qui désigne la dégradation progressive des sols dans des zones arides et sèches. Ce phénomène est dû aux changements climatiques et aux activités humaines qui peuvent entraîner la détérioration de la végétation, une aridification et une sécheresse des terres. La désertification menace la biodiversité et la population qui dépend des écosystèmes de ces territoires.

Le thème de cette Conférence : « Terres. Vie. Patrimoine: d’un monde précaire à un avenir prospère, de la pénurie à la prospérité», est un appel à l’action pour que la terre, source de vie sur cette planète, continue de profiter aux générations actuelles et futures.  

La COP15 abordera, entres autres, la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030, la protection des terres contre les effets du changement climatique, la lutte contre l’augmentation des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt.

Cette conférence a pour objectif de proposer des solutions à des défis majeurs, pas seulement pour l’Afrique mais pour le monde entier. Selon les décisions qui seront prises maintenant, le rapport prévoit trois scénarios. Si l’on continue ainsi, le rapport prévoit une dégradation supplémentaire d’une zone qui fait la taille de l’Amérique du Sud. Dans le meilleur des cas, il y aura la capacité d’augmenter la superficie des zones naturelles de quatre millions de kilomètres carrés, soit la superficie de l’Inde et du Pakistan.  Les protections empêcheraient la dégradation des terres par l’exploitation forestière, le brûlage, le drainage ou la conversion.

Cette réunion des chefs d’Etat offrira une réponse concrète aux défis interconnectés de la dégradation des sols, du changement climatique et de la perte de biodiversité, alors que nous entrons dans la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes.

La France a de son côté réaffirmé son soutien aux efforts des pays menacés par la désertification et s’est engagée à le poursuivre, notamment en participant à cette COP15. Elle participe à plusieurs initiatives visant à augmenter, par le développement durable de pratiques agricoles et forestières, la capacité des sols à stocker le carbone afin de lutter contre le changement climatique et améliorer la fertilité des sols pour une meilleure sécurité alimentaire.

Lors du One Planet Summit pour la biodiversité organisé en 2021 à Paris, le président Emmanuel Macron avait relancé le projet de la « Grande muraille verte » qui a pour but de restaurer, d’ici à 2030, cent millions d’hectares de terres dégradées dans les onze pays de la bande soudano-sahélienne, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone, et de créer dix millions d’emplois verts.

A propos du projet de la Grande muraille verte

Quinze ans après son lancement, le projet de la Grande muraille verte, ce rideau de verdure destiné à s’étirer sur près de 8000 kilomètres du Sénégal à Djibouti pour enrayer la dégradation des terres sous l’effet de la pression anthropique et du changement climatique, n’est pas encore totalement abouti. Au Mali, au Nigeria, en Mauritanie ou à Djibouti, cette initiative-phare du continent, à laquelle sont associés les onze pays de la bande sahélienne, se résume à de maigres parcelles de quelques milliers d’hectares de reboisement.

Le premier rapport d’évaluation commandé en septembre 2020 par la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, acte ce modeste bilan : seulement quatre millions d’hectares ont été aménagés sur les cent millions visés d’ici à 2030 par cet ambitieux programme de restauration écologique au service de la lutte contre la pauvreté.

Parmi les difficultés qui ralentissent ce projet, il faut souligner l’inconstant soutien des bailleurs de fonds, en dépit des promesses faites et la montée des conflits et de l’insécurité dans le Sahel central, qui  a fermé de vastes territoires à toute intervention. Il n’empêche, derrière les déclarations incantatoires faisant de la réalisation de la Grande muraille verte « une priorité » pour améliorer les conditions de vie de millions de personnes exposées à une insécurité alimentaire chronique, les gouvernements, à l’exception du Sénégal et de l’Ethiopie, n’ont pas placé ce sujet en tête de leurs feuilles de route.

L’absence de portage politique de haut niveau, le manque de moyens humains et financiers des ministères de l’environnement sont des freins récurrents. Souvent, les agences de la Grande muraille verte prévues dans chaque pays « ne se matérialisent pas encore », pointe également le rapport. Les déclarations divergentes entre les bailleurs de fonds et les Etats sur le montant des fonds versés pour soutenir le projet couronnent un sentiment de flou et d’absence de pilotage.

Selon l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, qui est installée à Nouakchott (Mauritanie), avec pour mission de coordonner les avancées dans les différents pays, 200 millions de dollars ont été mobilisés depuis le début de l’initiative, dont 150 millions de dollars provenant de financements étrangers, le reste étant pris en charge par les Etats eux-mêmes.

De leur côté, ces donateurs, au premier rang desquels la Banque mondiale, avancent un chiffre beaucoup plus important de 870 millions de dollars. L’écart, selon l’explication fournie par le rapport, tiendrait au fait que ces institutions mènent des opérations en dehors du tracé initialement défini par les pays africains tout en les comptabilisant dans la Grande muraille. En dépit de ce bilan, l’heure n’est cependant pas au renoncement. Car de l’avis de presque tous, il n’y a aucun programme en dehors de la Grande muraille verte qui fasse autant sens. C’est le seul qui permette de donner dix millions d’emplois aux jeunes d’ici à 2030, de traiter la question de l’adaptation au changement climatique et d’assurer la sécurité alimentaire au Sahel.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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