Energie : les entreprises africaines appellent à investir davantage dans les start up locales

Mercredi 25 Mai 2022 - 12:57

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Bien que l’intérêt des investisseurs augmente en Afrique, la majorité du financement dans le secteur de l’énergie durable va toujours à des entreprises étrangères, ont indiqué les entrepreneurs du continent, lors du forum sur l’énergie durable pour tous à Kigali, au Rwanda.

 Les start-up africaines ont attiré 5,2 milliards de dollars en capital-risque en 2021, soit plus que les sept années précédentes combinées. Mais aucun de ces capitaux n’a servi à financer le secteur de l’énergie. En cause, un « problème de perception » au sein du secteur, les bailleurs de fonds ayant tendance à remettre en question la compétence et l’expertise des organisations locales, selon Alexander Obiechina, président-directeur général d’ACOB Lighting Technology Ltd., une société nigériane d’énergie renouvelable. « Nous devons changer ce récit », a-t-il déclaré. En plus des perceptions négatives, Alexander Obiechina estime que les start-up africaines ne reçoivent pas autant de soutien gouvernemental ou d’assistance technique que leurs homologues internationales. Or les entreprises étrangères opérant en Afrique reçoivent le soutien de leurs gouvernements pour renforcer leurs structures commerciales et leurs capacités, ce qui les rend plus attrayantes pour les investisseurs.

La directrice générale de Salpha Energy, un fabricant et distributeur nigérian d’énergie solaire, Sandra Chukwudozie,  demande aux sociétés d’investissement et aux investisseurs d’impact à faire « des efforts intentionnels » pour diversifier leurs portefeuilles et partager publiquement leurs chiffres de diversité. « Ce genre d’intentionnalité ... commencera à amener les entreprises africaines à la table et à ne pas les laisser de côté pour résoudre le problème du continent africain », pense-t-elle. Ajoutant : « Nous voulons que nos entreprises africaines résolvent les problèmes énergétiques africains », déplorant que les start-up aient du mal à développer leurs activités en raison d’un manque de soutien, par absence de capital « patient », et de banques disposées à les soutenir, fournissant «  […] des exigences en matière de garanties, des taux d’intérêt élevés et un court terme ». Et lorsqu’ils réussissent à braver cette étape, en obtenant un financement, ils doivent faire face à des impôts, des prélèvements et un manque d’infrastructures, a-t-elle déploré. « Le continent est un peu contre vous parce que vous vous retrouvez à devoir fournir votre propre infrastructure. ... Le défi maintenant est de savoir comment vous pouvez maintenir vos coûts d’exploitation pour vous permettre d’évoluer ? », a poursuivi Sandra Chukwudozie . « Vous êtes dans une course de rats. C’est un cycle continu » , a-t-elle dit..

Pour la présidente directrice générale d’ARM-Harith Infrastructure Investment Ltd., Tariye Gbadegesin, un gestionnaire de fonds de capital-investissement dans les infrastructures, les entrepreneurs devraient se concentrer sur l’établissement de partenariats solides et d’antécédents d’investissement pour attirer des financements. Elle pense que la nature individuelle de l’entrepreneuriat africain est l’un des plus grands signaux d’alarme pour les investisseurs, car elle augmente le risque de l’investissement. « L’entrepreneuriat, tel que je le vois, c’est comme jouer aux échecs. C’est un jeu de pièces qui doivent s’assembler. Il ne s’agit pas d’un individu; il s’agit de la façon dont cette personne rassemble ces pièces », a-t-elle déclaré.

Noël Ndong

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