Droits de l'homme : la FBCP préoccupée par la surpopulation carcérale

Lundi 4 Juillet 2022 - 17:30

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Dans un rapport sur le monitoring de la Prison centrale de Makala (PCM) et la Prison militaire de Ndolo (PMN), publié le 2 juillet, la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) s’est dite inquiète de la surpopulation carcérale constatée. Elle a lancé un SOS en faveur des prisonniers et détenus préventifs qui sont en danger à cause de cette surpopulation.

Parlant de la PCM, ex-Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, la FBCP fait savoir qu'elle a été construire par l'ancienne colonie belge pour une capacité d’accueil de 1 500 détenus. Aujourd'hui, indique-t-elle, l’effectif général de cette prison est de 9 012  détenus parmi lesquels 2 045 seulement sont condamnés et  4 567 en attente de jugement dans les cours et tribunaux ; le reste étant à la disposition des parquets.

Elle fait, en outre, savoir que malgré que la PCM a libéré plus de 300 prisonniers en juin dernier en rapport avec l’ordonnance de grâce présidentielle  prise en 2021, les effectifs des détenus préventifs et prisonniers restent toujours au-delà du seuil acceptable.

Quant à la PMN, la FBCP rappelle qu’abandonnée par l’Etat congolais, cette institution pénitentiaire a été réhabilitée par les Pays-Bas à travers leur ambassade à Kinshasa. Pour une capacité d’accueil de 500 détenus, la PMN en compte à ce jour 2 300. Cette fondation relève également que les deux prisons de la ville de Kinshasa se trouvent près des lieux d’habitation. Rappelant la tristement célèbre évasion du 17 mai 2017, elle indique que malgré le nombre élevé des morts lors de cette opération que le gouvernement avait attribuée aux adeptes de Bundu dia Kongo, le mouvement de zacharie Badiengila dit Né Muanda Nsemi, les enquêtes sur cet incident sont restées lettres mortes.

La lenteur dans la procédure judiciaire

La FBCP fait aussi état du problème des jugements qui demeure un tabou et reste très compliqué. « Certains hauts magistrats appelés à prêcher par l’exemple font eux-mêmes le contraire », souligne -t-elle. Elle indique que selon la loi en vigueur en cette matière, la durée de prononcé du jugement d’un dossier pénal est fixée à quinze jours et celle d’une affaire civile à trente et, en cas de report, les deux parties doivent être notifiées pour cela. Elle regrette que beaucoup de magistrats ne respectent pas cette disposition de la loi. « Parfois, les prononcés des jugements peuvent intervenir dans les six mois, un an, deux ans, voire plus. Parfois aussi classés sans suite », ajoute-t-elle.

Pour cette organisation non gouvernementale, dans ce contexte, la procédure des détentions devient arbitraire ou irrégulière. « Si la loi est respectée à la loupe, le détenu dont il est question devrait en principe faire l’objet d’une libération », fait-elle savoir.

Plusieurs morts dues aux maladies

La FBCP signale que la PCM a enregistré des morts dues aux maladies infectieuses dans les pavillons 6, 7 et 10. Selon elle, au mois de mars il y a eu 62 décès ; au mois d’avril 33 ; en mai  18 et en juin 9 décès. Elle fait aussi remarquer la baisse sensible des tracasseries sur les visiteurs et les prisonniers par certains agents des services pénitentiaires de la PCM.

Tablant sur les conditions de travail des employés pénitentiaires, la FBCP, qui rappelle qu’avant le départ de l’ancien ministre de la Justice et Garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba, avait engagé certains agents avec matricules au grade de directeur dans les prisons, les parquets, les greffes ainsi que dans les cours et tribunaux, fait savoir qu’il y a à ce jour à la PCM 450 agents non-salariés. « Voilà ce qui est à la base de toutes les tracasseries observées sur les visiteurs et prisonniers », se convainc-t-elle.

Une amélioration des conditions de vie

La FBCP a, par ailleurs, relevé une amélioration de la qualité de vie dans ces institutions pénitentiaires. « Le directeur de la PCM a informé la délégation de la FBCP que la réduction des décès est liée à la qualité de la nourriture et des soins médicaux administrés. Il a, en outre, ajouté que cela ne suffisait pas et qu’il fallait absolument lutter pour le désengorgement de ladite prison car, l’étouffement est à la base de la mort de plusieurs détenus », précise-t-elle, souhaitant travailler avec les organisations des droits  de l'homme disponibles afin de réduire le nombre des détenus à la PCM.

Au nombre de recommandations de son rapport, la FBCP attend du chef de l’Etat la réforme de la justice et la prise des sanctions très sévères à l’égard de certains indisciplinés sans distinction d’appartenance de province, d’ethnie, de couleur, de fonctions, grades ou autre. Il est également demandé  au président de la République de déplacer à d’autres endroits, loin des habitations, la PCM et celle de Ndolo.

Elle exhorte la ministre d’Etat en charge de la Justice à mettre la pression sur les magistrats pour prononcer les jugements dans le délai légale ; à augmenter les primes des agents des services pénitentiaires; à régulariser la situation des agents recrutés avec matricules sans salaire ni prime. La FBCP lui recommande également de faciliter la formation professionnelle ; d’aider le chef de l’Etat à sanctionner certains magistrats véreux et indisciplinés ; de construire de nouveaux bâtiments carcéraux et de réhabiliter certains autres vétustes.

Au Conseil supérieur de la magistrature et à l’Inspectorat judiciaire, cette association rappelle leurs devoirs constitutionnels, notamment la prise de sanctions contre les magistrats véreux et indisciplinés et à les révoquer, selon les cas.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des détenus dans leur dortoir à la prison centrale de Makala

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