Interview. Claude Mushikangondo : « Un bon pasteur doit connaître la musique »

Mercredi 6 Juillet 2022 - 17:42

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Découvert lors de sa remarquable prestation à l’ouverture d’Ewaggelion Festival, le chanteur gospel a accordé un entretien exclusif au Courrier de Kinshasa. Également pasteur, le serviteur de Dieu croit dur comme fer que la musique est indissociable au culte. Les deux services étant liés, il balaie d’un revers de la main le reproche fait aux chantres qui se lancent dans la pastorale d’avis que les deux services marchent ensemble.

 CLaude Mushikangondo à Ewaggelion Festival (Adiac)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Votre tour de chant à Ewaggelion a été très applaudi, Kinshasa veut faire plus ample connaissance avec vous. D’où nous venez-vous, quel est votre univers musical  ?

Claude Mushikangondo (C.M.)  : J’habite les Pays-Bas, je suis venu sur invitation d’Ewaggelion Festival et j’en suis content, les choses ont évolué. À mon retour au Congo dans les années 1995, le classique n’étant pas vraiment pratiqué, il me fallait recourir aux étrangers pour pouvoir prester car je suis chanteur classique de formation. J’ai un répertoire large, je fais du classique, le gospel et le negro spiritual. Je pratique le gospel comme dans son entendement initial mais aussi en tant que musique chrétienne. Je suis également harmonisateur, arrangeur car je l’ai appris dans mon apprentissage de la musique. En dehors de cela, je suis pasteur adjoint de l’Eglise protestante néerlandaise aux Pays-Bas. Mais je suis plus dans la musique et ne m’affiche pas trop sur le plan pastoral, je n’en parle pas beaucoup.

L.C.K. : Pourquoi mettre en réserve votre casquette pastorale  ?

C.M. : La pastorale passera avec la terre, les évangélistes et les apôtres aussi mais pas la musique. La louange et l’adoration à Dieu continueront, c’est ce que j’aime. Je chante et dirige des chœurs. Le gospel est la raison pour laquelle on m’a fait appel ici. 

L.C.K. : Quoi qu’il en soit, vous exercez en parallèle le gospel et la pastorale

C.M. : Les deux vont de pair. J’entends souvent les journalistes critiquer le fait qu’un chantre soit devenu pasteur, pourtant les deux services marchent ensemble. Un culte sans musique ne se tient pas. Ce n’est pas possible de parler d’un bout à l’autre sans chanter. Mais la musique seulement sans prédication retient, que ce soit appelé concert, journée de louange ou célébration. Le culte marche avec la musique. Un bon pasteur doit connaître la musique. Je citerai en exemple mon père qui fut aussi pasteur, feu Thomas Mushikangondo que l’on avait coutume d’appeler Papa Thomas. Je me souviens qu’il avait chanté lors de la remise du Prix Nobel à Martin Luther King Junior en Suède. Encore une fois, je soutiens que la musique marche de pair avec l’évangile. Il n’est pas possible de la dissocier de l’évangile. Par ailleurs, je recommande de chanter avant de prier parce que Dieu siège au milieu de la louange et de l’adoration de son peuple, Israël. Le nom Israël signifie combattant pour le travail, l’œuvre de Dieu. Face à un problème, le mieux serait de chanter, d’implorer Dieu, il sonde et voit les cœurs. Il connaît les besoins que vous cherchez à exprimer. C’est Dieu lui-même qui a inventé la musique et nous nous attelons à sa pratique même si l’engagement de certains n’est des fois pas aussi conséquent, les gens n’y consacrent pas autant de temps de répétition que ceux de la musique non chrétienne. Je dis musique non chrétienne préfèrant cette appellation à musique mondaine parce que nous jouons avec les mêmes instruments.   

L.C.K. : Êtes-vous plus interprète que compositeur ? Vous arrive-t-il de composer ?

C.M. : J’ai un défaut de perfectionnisme. Il m’arrive de composer, mais je n’aime pas mes propres compositions. La composition, ce n’est rien pour celui qui a appris la musique. Je peux jouer avec des notes, des rythmes, des valeurs de notes qui me permettent de créer une mélodie. Les mélodies me viennent souvent à l’esprit mais c’est vrai, je suis beaucoup plus interprète car j’ai beaucoup plus œuvré dans les chorales. J’ai travaillé à former les gens, les chorales de sorte à stimuler à faire de la très bonne musique chrétienne. Lorsque je suis venu dans les années 1995, mon travail a contribué à avoir une bonne musique chrétienne.CLaude Mushikangondo prestant avec Choeur La Grâce à Ewaggelion Festival (Adiac)

L.C.K. : Avez-vous déjà sorti un album ou contribué à la réalisation d’un album d’autres chantres congolais  ?

C.M. : Oui ! J’ai participé à plusieurs albums, notamment celui de Joël Bumba à Sango Malamu. À l’époque, lorsque les gens venaient enregistrer au Studio Sango Malamu, ils étaient à la recherche des chantres qui chantaient dans la tonalité, j’ai aidé plusieurs personnes, notamment Vincent Masirika, mais j’en oublie certainement. En Hollande, j’avais enregistré un album intitulé Lelo, des chants de Voltaire Mampinda dont j’ai fait un CD gospel. Cela n’a causé aucun problème car il est l’un de mes frères dans la foi.

L.C.K. : Quelle a été votre contribution dans le choix du répertoire exécuté à l’ouverture d’Ewaggelion Festival  ?

C.M. : Ma contribution a été la proposition du chant Go down Moses qui s’inscrit dans le thème de la libération et que j’avais déjà chanté en Hollande. J’ai envoyé la partition dont le chœur a refait les arrangements, j’ai fait en sorte de me coller aux nouveaux arrangements. C’est cela qui est merveilleux dans la musique, la latitude que l’on a de réarranger les choses à sa guise à chaque fois comme cela nous chante.

Propos recueillis par Nioni Masela

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : CLaude Mushikangondo à Ewaggelion Festival (Adiac) Photo 2 : CLaude Mushikangondo prestant avec Choeur La Grâce à Ewaggelion Festival (DR)

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