Chronique : Joe Biden replace l’Amérique dans le combat climatique

Vendredi 12 Août 2022 - 15:51

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Après plusieurs mois de négociations et de débats houleux, le Sénat américain a fini par adopter le plan du président Biden sur le climat. Un plan ambitieux dont l’enveloppe comprend le plus grand investissement jamais engagé aux États-Unis pour le climat : 370 milliards de dollars. Ce montant colossal devra permettre à l’un des pays les plus pollueurs de la planète de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030.

 

Fini donc l’époque où le « climatosceptique » Donald Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, adopté en 2015 lors de la COP 21. Accord qui, rappelons-le, fixait les grandes orientations de la gouvernance climatique mondiale. Fini l’époque où même Donald Trump supprimait les financements des Etats-Unis pour le changement climatique au bénéfice des institutions des Nations unies. Fini l’époque où Trump entérinait la cessation des versements de son pays au bénéfice du Fonds vert pour le climat, créé en 2010, à la suite de la COP 15. Voici donc l’Amérique de retour sur la scène diplomatique sur les questions climatiques. Avec l’adoption de ce plan, les États-Unis entendent jouer leur rôle, en s’engageant notamment à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

Le plan d’action adopté par le sénat américain vise à encourager les grands pays émetteurs à se montrer plus ambitieux en matière d’atténuation des changements climatiques. La coordination internationale peut permettre de rassurer ceux qui craignent que ces mesures aient des incidences sur la compétitivité ou que certains pays renoncent à leurs engagements en la matière. Pour compléter les engagements pris par les pays dans le cadre de l’Accord de Paris, un mécanisme intéressant consisterait à établir un prix plancher international du carbone, autrement dit les grands pays émetteurs conviendraient d’un prix minimum à appliquer à leurs émissions de carbone.

Il serait possible de déterminer ce prix plancher de façon équitable en prévoyant des obligations plus strictes pour les pays avancés, une aide pour les pays à plus faible revenu, ou ces deux éléments à la fois. Il pourrait également s’appliquer avec souplesse pour tenir compte d’autres démarches aux incidences équivalentes sur les émissions, adoptées dans les pays où la tarification est difficile à mettre en place. Pour inciter les Américains à faire des efforts plus importants pour lutter contre les changements climatiques, le plan de Biden sur le climat, propose des mesures incitatives comme par exemple une prise en charge de 30% par l’Etat, pour l’installation des panneaux solaires par les ménages. Plusieurs milliards de dollars de crédits d’impôts seront également proposés aux industries les plus polluantes pour les assister dans leur transition énergétique.

Le plan de Biden sur le climat est certes une avancée majeure de la part des Etats-Unis, mais il faut tout de même rester prudent, car son adoption a été le fruit de difficiles tractations avec l’aile droite du parti démocrate. Démocrates qui sont d’ailleurs les seuls à avoir approuvé le texte, puisque tous les Républicains du sénat ont voté contre. N’empêche qu’avec ce plan on peut enfin dire que l’Amérique est de nouveau sur la même longueur d’onde que le reste des signataires de l’Accord de Paris sur le climat pour reconnaître l’urgence de la crise climatique mondiale.

Cette victoire de Joe Biden sur un dossier qui était l’un des plus importants de son mandat est donc aussi une victoire pour l’humanité dans sa quête de solution au désastre climatique et environnemental qui nous guette, chaque jour un peu plus.

 

Boris Kharl Ebaka

Notification: 

Non