Nouvelles technologies : persistance du risque d’enlisement dans la mise en activité commerciale de la fibre optique

Mardi 30 Juillet 2013 - 19:11

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L’expérience d’autres pays témoigne du temps relativement long pris pour arriver à cette étape de la rentabilisation du projet à cause, en grande partie, des divergences persistantes sur les questions relatives à la gestion de la fibre et au profil de l’autorité de régulation.

 L'essentiel n'est pas seulement de lancer la fibre optique, encore faut-il la vulgariser auprès des utilisateurs, saisir ses opportunités et optimiser son utilisation ainsi que la culture numérique d'une manière générale. Le phénomène de mondialisation place les entreprises dans l’obligation de s’ouvrir vers d’autres marchés, et l’Internet est justement ce "sesame". Toutefois, celles-ci ne pourront pas relever ce défi sans prendre la mesure exacte des compétences à réunir, principalement sur le plan des ressources humaines. D'où la formation reste et elle continuera à constituer le pilier majeur de son développement en RDC. 

Certes le processus est très complexe sur un plan strictement technique mais il faut aussi compter sur les considérations plus pratiques liées notamment à l’organe de régulation qui devra être suffisamment neutre et transparent dans sa gestion pour rassurer les opérateurs privés. Pour le cas de la  RDC, un expert contacté par la rédaction voit déjà le gouvernement être contraint de faire marche arrière au regard des difficultés de démarrer et, surtout, de développer le projet après le branchement établi le 8 juillet. Des opportunités peuvent exister mais elles ne pourront être pleinement exploitées si elles ne sont pas accompagnées de l’expertise nécessaire à leur développement. Les plus pessimistes prédisent des lendemains difficiles. En effet, faute d’être rassurés sur la gestion du réseau, beaucoup d’opérateurs privés préféreront continuer à utiliser le satellite qui n’a d’ailleurs aucunement démérité en raison de l’étendue du territoire national et des difficultés techniques à y déployer la fibre optique. D’autres seront tentés par l’expérience en s’octroyant une bande passante sans véritablement l’utiliser.    

Mais pourquoi l’enjeu est aussi important ? D’abord, parce qu’il reviendra à l’organe de régulation de proposer et de justifier les coûts qui seront validés. À ce niveau, la crainte est la recherche des grandes marges alors que le défi est d’abord de faire entrer le maximum d’entreprises. Cette tendance à réaliser des marges importantes serait, selon lui, dictée par la trésorerie difficile de l'opérateur public. Sur un ton alarmant, il a expliqué que le gouvernement tente de mettre en œuvre un modèle qui contraste avec les pratiques au niveau international où les privés participent aussi à la gestion de la fibre. Cela ne devrait se faire, a-t-il poursuivi, que par l’application effective d’un partenariat public-privé.

Le choix de l’opérateur de régulation est ainsi un premier élément-clé pour la réussite du projet. En deuxième lieu, celui-ci devra travailler sur le volume et non les marges. L’utilité de la fibre réside dans l’impact qu’elle peut provoquer, notamment dans la diffusion des informations en ligne et dans la conquête des nouvelles communautés virtuelles. Elle pourrait aussi tout simplement permettre de révolutionner la culture du numérique mais aussi aider les bénéficiaires à réactiver leurs différents comptes (Facebook, Twitter, etc.). Cela devrait amener à des propositions de bandes passantes en gros à des couts accessibles afin que celles-ci soient ensuite vendues en détail. Cette question sera débattue à l’occasion des ateliers en vue à Kinshasa et même à Brazzaville, a-t-on appris.

Laurent Essolomwa