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Il y a 56 ans… le « Discours de Phnom Penh »

Jeudi 1 Septembre 2022 - 12:58

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Il y a 56 ans… le « Discours de Phnom Penh »

Le 1er septembre 1966, le général de Gaulle , en visite au Cambodge où il a été accueilli par le chef de l’Etat, le prince Norodom Sihanouk, a prononcé devant plus de 100 000 personnes réunies au grand stade du complexe sportif de Phnom Penh un discours dont le  retentissement mondial marque encore bien des esprits.

Le chef de l’Etat français y évoque les combats qui ravagent l’Indochine, l’impossibilité d’une solution militaire dans le conflit engagé par les Etats-Unis au Vietnam et la « nécessité de laisser les peuples disposer à leur façon de leur propre destin ».

Est-il besoin de le rappeler, le Cambodge est voisin du Vietnam et du Laos où, depuis la fin des années 1950 et le retrait de la France de l’Indochine à la suite des accords conclus à Genève le 21 juillet 1954, se déroule une guerre civile acharnée entre les forces communistes, soutenues par l’URSS et la Chine, et les gouvernements du Laos et du Vietnam sud, soutenus par les Américains.

Le général de Gaulle, qui entend exercer une influence morale en affirmant la volonté d’indépendance des nations à l’égard des deux blocs, saisit l’occasion du long voyage d’une quinzaine de jours qui le mène à Djibouti, en Ethiopie, au Cambodge en Nouvelle Calédonie puis en Polynésie pour prononcer une importante allocution lors de l’étape qu’il fait dans la capitale cambodgienne. Il y exalte une relation privilégiée, héritée d’un passé commun, le souci de l’indépendance des États de la région et le refus des ingérences étrangères.

L’hypothèque algérienne résolue, en 1962, De Gaulle peut, en effet, mener « au milieu du monde une politique qui soit mondiale » (déclaration de 1964). Il se tourne alors vers l’Asie, bien décidé à rétablir le rang de la France, notamment en Extrême-Orient. A ses yeux, la crise vietnamienne crée les conditions d’un rapprochement franco-cambodgien.

Face à l’ingérence des deux Grands, Norodom Sihanouk a rejeté en 1963 l’aide américaine. En 1964, il loue la « politique de neutralité exemplaire » de la France puis se rend en visite officielle à Paris du 24 au 26 juin 1964. La France donne alors sa garantie à la neutralité du Cambodge et un accord de coopération est signé. Surtout, le président de la République française, Charles de Gaulle se rend au Cambodge du 31 août au 2 septembre 1966. Tandis que le conflit au Vietnam fait des ravages, et qu’un demi-million de soldats américains sont présents sur le sol vietnamien, le Général y promeut une politique de non-ingérence.

Si, à l’époque, les conceptions du président français ne sont pas celles des Américains, elles  sont largement partagées par le prince Norodom Sihanouk qui veut éviter le risque d’une extension du conflit vietnamien. Le « Discours de Phnom Penh » (le lien figurant à la fin de cette tribune permet d’accéder directement à l’enregistrement et au texte du discours du général de Gaulle) va avoir un retentissement mondial et demeure aujourd’hui une référence qui prolonge habilement les raisonnements de la Conférence de Belgrade (1er au 6 septembre 1961) dénonçant « l’exclusivisme des blocs qui est un danger pour la paix mondiale » et prônant le non-alignement.

Dans ces temps difficiles où le monde est en proie à la fois à l’incertitude et à des conflits qui fragilisent les relations et inquiètent les populations, au sud comme au nord, en orient comme en occident, le regard sur l’Histoire doit constituer pour les responsables soucieux du bien public et de la paix une source utile de réflexion et de sagesse.

 

Lien d’accès direct au discours :   Charles de gaulle - paroles publiques - Discours de Phnom-Penh (ina.fr)

Jean-Marie Dedeyan Vice-président de la Fondation Charles de G

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Édition Quotidienne (DB)

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